Jamais vraiment estompée, la menace nucléaire ressurgit de plus belle. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé ce jeudi 22 juin Moscou de préparer un «attentat terroriste» impliquant une fuite radioactive à la centrale de Zaporijia, occupée par les troupes russes dans le sud du pays. «Nos renseignements ont obtenu des informations selon lesquelles la Russie envisage le scénario d'un attentat terroriste à la centrale de Zaporijia, un attentat avec un rejet de radiations. Ils ont tout préparé pour cela», a-t-il précisé sur Telegram.
«Malheureusement, j'ai dû vous rappeler à plusieurs reprises que les radiations ne connaissent pas les frontières des États et que seule la direction du vent détermine qui elles atteindront», a alerté le chef d'Etat, appelant la communauté internationale à agir pour éviter une telle attaque. «Cette fois-ci, cela ne devrait pas se passer comme à Kakhovka : le monde a été averti», a conclu le président ukrainien, en référence à l'explosion du barrage survenu mardi 6 juin. La destruction de cette infrastructure avait déjà fragilisé la sûreté du site nucléaire et suscité de grandes inquiétudes à Kyiv. La centrale utilisait l'eau du fleuve Dniepr pour remplir ses bassins de refroidissement.
De son côté, Moscou a vite nié tout projet d'attentat à la centrale nucléaire et dénonce un «mensonge» de Volodymyr Zelensky, a assuré le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov.
Deux jours plus tôt, le directeur du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, avait pourtant déjà alerté sur un risque d'accident nucléaire sur le site occupé par les troupes russes depuis des mois. Le système de refroidissement de la centrale «a été miné» par les troupes russes, avait-il affirmé auprès de la télévision ukrainienne. Il existe une «menace certaine» d'une explosion ou d'un accident à la centrale, d'après lui.
La centrale avait été prise par les troupes russes dans les premiers jours de l'invasion en Ukraine, qui a débuté le 24 février 2022. Les six réacteurs du site ont été déconnectés du réseau électrique à plusieurs reprises, suscitant là encore beaucoup d'inquiétude. Aujourd'hui, cinq des six réacteurs sont complètement à l'arrêt.
Début mai, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévenait que la situation à la centrale était «de plus en plus imprévisible et potentiellement dangereuse» en raison de la fréquence des frappes aériennes à proximité. Le 15 juin, le président de l'AIEA, Rafael Grossi, s'était rendu sur place une troisième fois depuis le début du conflit.