C'est certainement le lieu musical le plus emblématique de Toulouse. Le Bikini fête cette année ses 40 ans et ses décennies d'histoires, d'anecdotes et de bonnes notes
A Toulouse, le Bikini ne résonne pas comme le fameux maillot deux-pièces mais comme le lieu de fêtes, de concerts et de rencontres. Né le 27 juin 1983, il peut se targuer de faire partie du patrimoine toulousain et d'avoir marqué plusieurs générations.
Tout démarre le 25 juin 1983 en bord de Garonne où cette ancienne boîte de nuit se distingue par ses concerts : de deux à trois par mois puis cinq à six par semaine. Petit à petit, cette salle de musique rock devient une des salles de concerts les plus célèbres de France et accueille les petits artistes comme les grands. La scène du Bikini vivra les premiers pas des Rita Mitsouko, de Lloyd Cole ou encore du groupe toulousain Zebda.
De 1983 à 2001, 5.000 groupes s'y succéderont et des grands noms feront bouger un public toujours présent : la Mano Negra, Placebo, Coldplay, Muse ou encore Indochine.
Et à sa tête, Hervé Sansonetto, un des plus jeunes patrons de salle de concert : « J'avais 28 ans. Je faisais partie des plus jeunes et maintenant, 40 ans, des plus vieux », s'amuse celui qui a lancé cette affaire en famille « avec ma femme, ma mère, mon frère. »
Initialement situé au 54, chemin des Etroits à Toulouse, tout près d'AZF, le Bikini fut rayé de la carte lors de la tragique explosion de l'usine le 21 septembre 2001. Le parcours du combattant démarre alors pour Hervé Sansonetto, le grand boss du Bikini. Six ans pour reconstruire un nouveau Bikini dans l'agglomération toulousaine.
« Ce fut un drame et un miracle, estime le grand patron qui vivait au Bikini. Un drame car toute notre vie est partie en éclat en une seconde mais un miracle car on s'en est sorti sain et sauf. » Comme le Bikini, Hervé Sansonetto a dû se reconstruire ailleurs.
Durant ces six années, l'activité musicale sera maintenue autant que faire se peut avec près de 500 concerts organisés dans différentes salles locales jusqu'à la réouverture officielle. « On voulait vite repartir, voir l'avenir mais dans la réalité, il fallait surtout sauver une partie de la programmation et on nous a ouvert les bras un peu partout dans la région », développe le grand pacha de la musique toulousaine. « Je pensais que lorsqu'on allait commencer à parler du Bikini à l'imparfait, c'est qu'on était foutu », se remémore le patron.
Et le 21 septembre 2007, date clé dans l'histoire toulousaine, le Bikini rouvre enfin ses portes à Ramonville et troque les bords de la Garonne contre ceux du Canal du Midi pour reprendre son rythme de croisière avec 150 événements par an. Et pas de crise de la quarantaine depuis, on garde la même recette. De la musique, de l'ambiance et tout ce qui a fait la réputation du Bikini, ou plutôt « Biko » à Toulouse. On ne change rien. « Tout ce qui restait de l'ancien Bikini a déménagé dans le nouveau. On est le même qu'en 1983. »
Avec cet anniversaire, « des millions de souvenirs et d'anecdotes sans qu'une en particulier ne me vienne à l'esprit », ajoute Hervé Sansonetto. Mais contrairement au chef aux commandes depuis quanrante ans, de nombreux Toulousains gardent un souvenir particulier d'un moment singulier comme Gilles, aujourd'hui âgé de 28 ans : « Je me souviens du concert de Mass Hysteria le 14 novembre 2015 au lendemain du Bataclan. Toute la journée, on a eu peur que le concert soit annulé, le cour n'étant pas à la fête. Finalement, ce fut un hommage incroyable, un moment unique, un concert qui restera gravé à vie. Les textes et la présence des Mass Hysteria sur scène, la minute de bruit en hommage aux victimes, tout a résonné si fort. » Ou encore « le saut d'Hakim du groupe Zebda durant un concert magnifique », comme le raconte Jamer, du haut de ses 58 ans.
A près d'un mois de la semaine d'anniversaire, alors que les Toulousains se préparent à la fête, Hervé Sansonetto lui se « prépare pour les 50 ans ».
Au programme des 40 ans du Bikini, rendez-vous du 22 au 26 juin :