Au moins quatre blessés graves sont à déplorer, après l'effondrement d'un vieil immeuble, rue Saint-Jacques. Deux personnes sont recherchées dans les décombres. "Nous attendons des moyens lourds pour dégager des pierres très importantes", a déclaré Gérald Darmanin dans la soirée.
"C'était comme une grue qui s'effondre, un claquement sourd". Peu avant 17 heures, mercredi 21 juin, les riverains du quartier du Val-de-Grâce, dans le 5e arrondissement de Paris, entendent une "immense explosion". Patricia, 68 ans, pense alors à "un attentat terroriste". En réalité, un immeuble entier vient de s'effondrer, à quelques mètres de chez elle, au 277 rue Saint-Jacques.
"C'était très soudain, comme un souffle", décrit un employé d'une pharmacie, à 300 mètres des lieux de l'explosion. "Il y avait tellement de poussière, les gens sont venus se réfugier à l'intérieur de la pharmacie. Certains ont cru à un orage", décrit-il à franceinfo au téléphone, encore sous le choc. "J'ai senti la vitrine de l'agence vibrer", relève de son côté un employé de l'agence de location Ada, dans le même périmètre.
Radia, une étudiante de 21 ans, était dans le salon de son appartement, à 50 mètres des lieux de l'explosion. "Toutes les fenêtres ont explosé, c'était hyper impressionnant. Il y avait du verre partout", raconte-t-elle peu de temps après, la voix tremblante.
"Je me suis mise sous mon bureau. J'ai appelé ma mère en pleurant, elle m'a dit de sortir. C'est ce que j'ai fait, en emmenant mon chien avec moi. Je me suis réfugiée dans un restaurant à côté."
à franceinfo
Au 229 rue Saint-Jacques, la gérante d'un magasin de jouets a vu la bouche d'égout devant sa boutique "se soulever sous la puissance du choc". "Tout a tremblé puis rapidement, il y avait une fumée noire, opaque", dit-elle. Le quartier est effectivement envahi par les fumées. "L'odeur était insupportable dans l'appartement", commente Patricia, qui s'est empressée de fermer toutes ses fenêtres.
Très vite, "en quelques minutes" selon les témoins, les premiers pompiers arrivent sur place, pour circonscrire le périmètre de la rue Saint-Jacques. "Ils mettent de l'eau un peu partout sur les immeubles", raconte un habitant en direct devant les caméras de franceinfo vers 17h30. Ils seront bientôt 200 pompiers mobilisés sur place.
"Ce qui doit être souligné, c'est la rapidité et l'efficacité des services de police, de pompiers et de secours."
sur franceinfo
On apprend que l'immeuble effondré hébergeait notamment la Paris American Academy, école privée américaine de mode et de design. Mais pas seulement. Le conseil national de l'enseignement agricole privé a également son siège au 277 rue Saint-Jacques. Le bâtiment abrite aussi le siège du secrétariat général à l'enseignement catholique.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, arrive dans la foulée, bientôt rejointe par le préfet de police de Paris. Laurent Nunez appelle à la prudence quant aux origines de l'explosion et annonce, à 18h30, un bilan provisoire de 16 blessés dont 7 en urgence absolue. Il précise que l'incendie, qui est s'est déclaré à la suite de l'explosion, est circonscrit. Ils sont désormais 270 pompiers dans le secteur, et 70 véhicules. Dans le même temps, une cellule de crise est activée à la mairie de Paris, annonce Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire.
En parallèle, de nombreuses personnalités politiques réagissent sur Twitter. "Courage aux habitants dans cette terrible épreuve !", écrit le président des Républicains, Eric Ciotti. "Pensées pour les victimes de la terrible explosion rue Saint-Jacques à Paris", déclare le député communiste du Nord Fabien Roussel. " Le bilan provisoire est déjà terrible", déplore Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI, quand Marine Le Pen dit penser "aux victimes et à leurs proches".
Vers 18h50, Laure Beccuau, la procureure de la République de Paris, annonce qu'une enquête a été ouverte pour "blessures involontaires" avec la circonstance aggravante de "mise en danger délibérée de la vie d'autrui". "Cette qualification veut dire simplement que nous allons nous interroger sur le point de savoir s'il y a eu un non-respect d'une réglementation ou d'une imprudence individuelle qui aurait conduit à cette explosion qui elle-même aurait conduit à ces blessures", a-t-elle poursuivi. La direction régionale de la police judiciaire est saisie de l'enquête.
La maire du 5e arrondissement, Florence Berthout, assure par ailleurs qu'"il n'y avait pas d'habitation dans l'immeuble [où est survenue l'explosion]". La mairie d'arrondissement annonce sur Twitter être ouverte pour accueillir les victimes et les équipes médicales.
Peu après 19 heures, la préfecture de police livre un nouveau bilan : elle fait état de 24 blessés dont 4 en urgence absolue. "Pour une majorité de ces blessés, il s'agit de victimes collatérales, blessées par l'effet de souffle et les diverses projections. Les recherches se poursuivent", précise-t-elle. Vers 19h30, le parquet de Paris annonce que deux personnes sont recherchées dans les décombres. Il s'agit de personnes qui sont portées disparues.
Plus tard dans la soirée, la maire du 5e arrondissement déclare sur BFMTV qu'"il y a potentiellement des éléments de fragilité" dans les immeubles à proximité de celui concerné par l'explosion. Florence Berthout se veut prudente sur les potentielles causes de l'incident. "L'explosion, a priori, est plutôt partie d'un premier étage ou d'un deuxième étage", avance-t-elle.
A l'Elysée, l'ambiance est plutôt festive, en cette journée de Fête de la musique. Des artistes comme Ibrahim Maalouf, Gregory Porter, ou encore DJ Linda sont attendus sur scène à partir de 20 heures. Depuis la cour d'honneur, Emmanuel Macron inaugure les festivités en ayant "évidemment, un mot pour toutes les victimes, les familles, qui vivent en ce moment même dans l'angoisse". Le président remercie "les services de secours qui se sont mobilisés".
Du côté de la rue Saint-Jacques, certains riverains reçoivent l'autorisation de récupérer certains effets personnels chez eux. Mais aux alentours de 21 heures, la confusion règne encore : les habitants des rues les plus proches de l'explosion ne peuvent pas rentrer chez eux. "Dans ma rue, il y a des militaires tous les vingt mètres. Toutes les rues adjacentes sont bloquées", déclare ainsi Johan sur franceinfo. "Plusieurs amis m'ont proposé d'aller dormir chez eux. Mais de toute façon, même si on a le droit de rentrer, je ne vais pas y retourner tout de suite", commente Rim, une habitante du quartier, encore très émue au micro de franceinfo.
Vers 21h30, Gérald Darmanin arrive sur les lieux de l'explosion. Face à la presse, aux côtés d'Anne Hidalgo, il annonce un nouveau bilan : 33 blessés en urgence relative et 4 en urgence absolue. "Nous attendons des moyens lourds pour dégager des pierres très importantes", déclare le ministre de l'Intérieur. L'origine de l'explosion n'est pas encore connue, précise-t-il, ajoutant qu'"il n'y a eu aucune alerte" avant l'explosion, alors que des médias ont relayé des témoignages évoquant une odeur de gaz avant la déflagration.
Sur les deux personnes portées disparues, Gérald Darmanin dit ne pas avoir "la certitude que ces personnes sont disparues". Cependant, "les chiens qu'utilisent les sapeurs-pompiers ont marqué", précise-t-il.
"Il est possible que nous retrouvions cette nuit des corps ou des personnes vivantes."
lors d'un point presse
Vers 22h45, Florence Berthout, prend à nouveau la parole depuis sa mairie du 5e arrondissement. Elle se montre très prudente sur l'éventuelle présence de deux personnes sous les décombres, usant du conditionnel. Elle ajoute qu'"entre un et trois immeubles peuvent présenter une situation de fragilité", citant le général des sapeurs pompiers de Paris qui dirige les opérations. "Celui qui est mitoyen, c'est sûr. Les deux autres, il y a un risque. Les équipes doivent définir quel est le niveau de fragilité de ces immeubles mitoyens pour voir si les habitants peuvent ou ne peuvent pas revenir, et dans quel délai", déclare l'élue.