Depuis son lancement il y a plus de 30 ans, le chantier de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin divise. Ce jeudi, un décret de la préfecture de Savoie a interdit une manifestation d'opposants qui devait avoir lieu ce samedi. Une dizaine d'organisations dont les Soulèvements de la Terre et les No Tav italiens s'étaient données rendez-vous, aux côtés d'élus comme le maire EELV de Grenoble Éric Piolle et la députée LFI Mathilde Panot. Les organisateurs ont annoncé saisir le tribunal administratif.
Le décret publié jeudi après-midi indique « des craintes quant à la sécurité des forces de l'ordre et des pompiers », comme l'a expliqué le préfet de Savoie François Ravier, lors d'un point presse. Selon lui, « 2 000 gendarmes et policiers » allaient être déployés dans cette vallée frontalière de l'Italie, avec 70 pompiers et des secours.
Le préfet a justifié l'arrêté d'interdiction par un défaut d'information des organisateurs sur le nombre de manifestants attendu et sur les parcours. Selon lui, ils pourraient être « entre 3 000 et 4 000 ». Parmi eux, certains protestataires viendraient « de régions extérieures et sans doute de pays étrangers frontaliers, notamment l'Italie et la Suisse ». Le ministère de l'Intérieur a signalé au préfet « la présence d'éléments radicaux, entre 300 et 500 ». « Considérant la volonté affichée par certains de mettre fin aux travaux, nous craignons des intrusions et des dégradations sur les chantiers », a-t-il souligné.
L'appel à manifester est maintenu, a annoncé Marc Pascal, référent EELV de Savoie. « Les motifs du préfet sont fallacieux, nous ne sommes pas terroristes », a martelé Marc Pascal auprès de l'Agence France-Presse. « Nous continuons d'appeler à une manifestation familiale, festive, non violente, pacifique », a-t-il ajouté.
Les opposants dénoncent les impacts écologiques, notamment sur l'eau, de ce chantier « ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins ». Selon eux, des travaux vont « détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant ».
Une manifestation de soutien au chantier a rassemblé ce jeudi matin environ 200 personnes, dont des élus, maires, députés et sénateurs, devant la gare de Saint-Jean-de-Maurienne.