Liberation

A Notre-Dame de Paris, un nouveau mobilier pour unifier les fidèles et les touristes

logo de Liberation Liberation 23.06.2023 18:54:46 Bernadette Sauvaget
Le reliquaire de la Couronne d'épines tel qu'on pouvait le voir avant l'incendie dans la chapelle de l'Ordre du Saint-Sépulcre, à Notre-Dame.

Après l'incendie qui l'a ravagée, il y a quatre ans, la cathédrale Notre-Dame de Paris fait entièrement peau neuve. Tandis que la charpente de la nouvelle flèche, reconstruite à l'identique, commence à s'élever, le diocèse de Paris a rendu publics vendredi les noms des artistes qui seront chargés de réaliser l'aménagement intérieur du monument. «Nous inaugurons une nouvelle étape tout en nous inscrivant dans l'histoire», a expliqué Olivier Ribadeau Dumas, recteur de la cathédrale, lors d'une présentation à la presse. Pour les autorités religieuses, il s'agit en particulier de remplacer l'autel endommagé lors de l'incendie du 15 avril 2019, la pièce principale pour la liturgie catholique, la cathèdre (le siège sur lequel s'assoit l'évêque pendant la messe) ou encore l'ambon, là où ont lieu les lectures et les prédications.

Après l'avis d'un comité artistique qui s'est réuni le 20 juin, l'archevêque de Paris, Laurent Ulrich, a choisi de confier la réalisation de ses pièces à Guillaume Bardet, un sculpteur et designer installé dans la Drôme. Le prélat avait demandé que ces éléments soient «d'une noble simplicité» mais «sans timidité». Pour s'intégrer dans un monument à l'architecture forte mais aussi pour éviter les polémiques. La reconstruction de Notre-Dame de Paris et son aménagement sont, en effet, très sensibles. Pour le clergé, le pari est aussi de combiner l'affirmation d'une présence religieuse - il n'a cessé de dire que la cathédrale est d'abord un lieu de culte - et l'accueil de nombreux visiteurs (12 millions chaque année en moyenne avant l'incendie), souvent très éloignés du catholicisme.

«Ma ligne directrice, mon cahier des charges personnel, c'est un travail autour de l'immuable. Les pièces doivent embrasser le passé, vivre le présent et accueillir le futur. Elles doivent avoir une forme d'évidence pour les catholiques et être remarquables pour les non-chrétiens», explique Guillaume Bardet. L'autel, l'ambon, la cathèdre et un baptistère qui prendra place à l'entrée de la nef seront en bronze. «Le choix de cette matière s'est imposé lors d'une visite à la cathédrale», poursuit le sculpteur. L'artiste a voulu que ces pièces s'intègrent à la couleur dorée des pierres et à la lumière de la cathédrale telles qu'elles apparaissent après la rénovation intérieure. Pour ce qui est de ses éléments liturgiques, le résultat est sobre et assez sage. Et devrait susciter le consensus.

En revanche, les autorités religieuses prennent un risque réel avec le choix d'un nouveau reliquaire qui sera installé dans la chapelle axiale de Notre-Dame de Paris, c'est-à-dire à l'extrémité orientale du monument. Sa réalisation, qui n'a pas fait l'objet d'un appel d'offres contrairement aux éléments liturgiques, a été confiée à l'architecte et designer Sylvain Dubuisson. Ce reliquaire de très grande taille contiendra les reliques les plus précieuses de la cathédrale, notamment ce qui est supposé être la couronne d'épines du Christ, achetée (à très haut prix) au XIIIe siècle par le roi Louis IX (saint Louis). «Les visiteurs pourront poser la main sur le reliquaire», explique le recteur de la cathédrale. Cette visibilité est voulue et assumée. Elle permettra d'affirmer l'identité religieuse du monument, voire de susciter la piété populaire et les pèlerinages vers ces reliques, très vénérées avant l'incendie par les chrétiens d'Europe de l'Est.

Eléments moins prestigieux de l'aménagement intérieur, les chaises de Notre-Dame de Paris vont aussi être remplacées. «Celles qui existaient ont été plombées lors de l'incendie», explique Olivier Ribadeau Dumas. Elles seront réalisées par la designer Ionna Vautrin. Et s'annoncent comme une très belle réussite. Leur dossier bas et ajouré permet de laisser toute son ampleur à la verticalité de la cathédrale. «J'ai voulu qu'elles offrent un horizon silencieux aux fidèles et aux visiteurs», explique Ionna Vautrin.

Ces projets seront présentés le 13 juillet à la Commission nationale du patrimoine et de l'architecture afin qu'elle donne son aval. Le financement de l'aménagement intérieur de Notre-Dame est à la charge de l'Eglise catholique, qui a prévu un budget global de 6 millions d'euros.

vendredi 23 juin 2023 21:54:46 Categories: Liberation

ShareButton
ShareButton
ShareButton
  • RSS

Suomi sisu kantaa
NorpaNet Beta 1.1.0.18818 - Firebird 5.0 LI-V6.3.2.1497

TetraSys Oy.

TetraSys Oy.