Karine Esquivillon était mère de cinq enfants, dont trois nés de sa relation avec son époux, Michel Pialle. Ce dernier a reconnu l'avoir tuée au cours de sa garde à vue, qui avait débuté le 14 juin 2023.
La victime de féminicide était portée disparue depuis le 27 mars. Dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 juin, le corps de cette quinquagénaire a été retrouvé par les gendarmes de la section de recherches de Nantes (Loire-Atlantique), dans un bois en Vendée, guidés par les indications du brocanteur et tireur sportif de 51 ans.
Le 22 juin, soit, une semaine après ces révélations, deux des cinq enfants de la victime ont témoigné devant les caméras de BFM TV et les intervieweurs Bruce Toussaint et Maxime Brandstaetter.
Thomas, est né d'une précédente union, Eva-Louise, est, elle, aussi la fille de Michel Pialle. Elle confie d'ailleurs, larmes aux yeux, et avec "beaucoup" de colère en elle : "Dans le miroir je vois les traits de ma mère, mais je vois les traits de mon père, et c'est très dur".
Les deux orphelins expliquent avoir toujours eu des doutes sur la version de leur père et beau-père. "Le jour où elle a disparu, je savais que c'était lui. Je n'avais pas de doute là-dessus", affirme Thomas. "On ne pouvait pas tout de suite imaginer que ce soit vraiment lui qui ait commis quelque chose, mais je savais dès le départ qu'il savait quelque chose, qu'il nous cachait quelque chose et il n'y avait que lui dans mon viseur", complète le fils aîné de Karine Esquivillon.
"Quand mon père m'a annoncé la disparition de ma mère, je n'y croyais pas", témoigne Eva-Louise. "On a tous été auditionnés par les gendarmes. Moi, à partir de ce moment-là, j'avais de très forts soupçons contre lui, je savais que c'était lui", confie-t-elle.
Les enfants ont souligné des "incohérences dès le départ" dans la version de Michel Pialle. D'abord, car ils ont été prévenus plusieurs jours après la date de la soi-disant fuite de leur mère avec un autre homme. "Notre mère ne pouvait pas partir sans les enfants", lâche son fils.
Mais les deux enfants de la victime expliquent à demi-mots que les enquêteurs leur auraient demandé "d'accompagner" Michel Pialle "dans son mensonge", afin qu'il avoue avoir tué leur mère.
"Pour qu'on puisse avoir la vérité, il faut le mettre en confiance. Et c'est ce qu'on nous avait demandé de notre côté, c'était de le mettre en confiance (...) qu'on l'accompagne dans son mensonge", explique la première fille de Karine Esquivillon et Michel Pialle.
"On s'est réunis en famille et c'était un peu le souhait de le mettre en confiance. Il fallait qu'il parle. Le but n'était pas de montrer qu'on avait des doutes", abonde Thomas, qui assure avoir alors été menacé par son beau-père.
Michel Pialle va être présenté devant deux juges d'instruction chargés du dossier ouvert pour "enlèvement et séquestration" puis pour "meurtre". Ce 16 juin, au palais de justice de La-Roche-sur-Yon (Vendée), il pourrait être mis en examen et placé en détention provisoire dans l'attente de son procès. Procès que "redoute" Eva-Louise. "Parce que j'ai peur que la peine qui lui sera accordée ne soit pas suffisante. Nous, ce qu'on espère, c'est qu'il ne ressorte jamais, qu'il ne revoit jamais la lumière du jour, qu'il ne puisse jamais refaire du mal aussi à une femme. Il y a eu sa première femme qui a pu se sortir de là, qui a pu se sauver mais la nôtre, ça a été une fatalité, elle n'a jamais pu s'en sortir."
"Le procès, j'ai hâte de pouvoir le voir, et comme je disais, je le regarderai sans baisser le regard, ce sera avec la tête haute comme maman le faisait, la tête haute, et je refuserai de baisser le regard face à cet homme-là, ça c'est une évidence", promet encore avec courage la fille de Karine Esquivillon et Michel Pialle.
La dernière fois qu'elle a vu son père, c'était la veille de sa garde à vue. Et si elle le revoyait aujourd'hui, que souhaiterait-elle lui dire, interroge Bruce Toussaint ? "Je lui dirais peut-être ses quatre vérités, que je le savais depuis toujours, qu'il aurait dû en parler bien avant, parce qu'on le savait, il aurait dû pouvoir, ne serait-ce nous rendre notre mère plus tôt."
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