La démarche est doublement originale. Contrairement à ce qui se fait d'habitude dans les cabinets de conseil, Onepoint n'envoie pas systématiquement ses consultants s'installer à l'année dans les locaux de ses clients, mais en revanche il les incite (consultants et clients) à venir travailler ensemble chez lui. Evidemment, l'entreprise créée et dirigée par l'ambitieux David Layani a su créer des lieux susceptibles d'attirer les uns et les autres. La déco et l'ambiance sont plus proches de celles que l'on trouve dans un hôtel Mama Shelter que dans les sièges sociaux des grandes entreprises.
C'est l'autre originalité. La création de bureaux chaleureux, personnalisés et très spacieux dans des quartiers où l'immobilier est le plus onéreux est assez rare à une époque où les entreprises sont toutes en train de réduire la superficie de leurs locaux. Elles prétextent, depuis l'épidémie de Covid et le succès du télétravail qu'il n'est plus utile de réserver à chacun un poste de travail attitré. C'est ce que l'on appelle le flex office (les salariés se voient affecter des bureaux interchangeables et anonymes qu'ils sont priés de vider tous les soirs).
Au lendemain de l'inauguration avenue d'Eylau à Paris, en compagnie du ministre de l'économie Bruno Le Maire, d'un immeuble de 4000 mètres carrés (plus de 20 millions d'euros d'investissements), entièrement consacré au bien être des salariés, Matthieu Fouquet, Secrétaire général et partner RH de Onepoint, explique la stratégie de son groupe concernant le lieu de travail.
Pour rappel, onepoint a vu son chiffre d'affaires multiplié par 10 en 10 ans (400 millions d'euros), compte 3.000 collaborateurs en France et dans le monde, se positionnant comme un des acteurs majeurs de la transformation des organisations.
Challenges. L'inauguration de votre campus parisien Livepoint, le 20 juin, semble à contre courant quand vos concurrents dans le monde du conseil aux entreprises préfèrent s'installer à l'année chez leurs clients, vous les incitez à venir chez vous ?
Matthieu Fouquet. C'est effectivement ce qui fait notre marque de fabrique depuis le début de l'aventure onepoint : nos lieux ne sont pas que des lieux de production, ce sont aussi et surtout des lieux de socialisation et de création. Nos locaux sont une déclaration d'amour à nos collègues. Nous avons aussi fait le choix de nous implanter là où sont et là où veulent vivre les talents, comme par exemple à Nantes, Montréal, Toulouse, Bordeaux, Rennes, Lyon, Aix-en-Provence. Même logique à l'international comme en Australie par exemple. Tous nos espaces répondent aux mêmes niveaux de qualité que l'extension de notre QG parisien, 4000 m2 en plein cour du Trocadéro. Donc, oui, cet attachement aux locaux fait partie de notre ADN, de notre culture et de notre rapport au travail.
Les entreprises sont nombreuses à limiter l'espace physique alloué à leurs salariés depuis trois ans, vous paraissez faire le choix inverse. Est-ce un choix économiquement judicieux ?
Cela pourra peut-être vous surprendre mais : oui, sans hésiter ! C'est un pari à moyen et long terme. Nos lieux ne sont ni une personne physique ni une personne morale, ce sont des lieux "totem" pour tout notre écosystème. La qualité de nos espaces est à la hauteur du lien que nous entretenons avec nos collègues et nos clients. Ils disent aussi notre attachement au design, à l'élégance française, à l'innovation et à l'émulation collective. Ils n'ont jamais été pensés pour être "seulement" fonctionnels mais pour incarner ce savoir-vivre que nous revendiquons. Nous savons que c'est un vrai argument pour attirer et retenir nos talents. Et quand on se fixe comme ambition de recruter plus de 1.000 talents cette année, les meilleurs dans le conseil et la tech, cela a son importance !
Vos différents campus, à Paris mais aussi en province, regorgent d'attentions et de services qui permettent de créer une ambiance chaleureuse. C'est une manière d'inciter les salariés à revenir travailler sur le mieux de travail ?
Plus que de les inciter, c'est surtout que nous nous fixons comme mission de leur donner le cadre le plus agréable et stimulant possible ! Et nous n'avons pas peur de les impliquer. Par exemple, pour l'extension de notre QG parisien, nous avons proposé à nos collègues qui le souhaitaient de pouvoir choisir un thème pour leur étage, et, aux côtés des architectes, de chiner les meubles et ouvres d'art pour personnaliser les espaces.
Nous avons 2 à 3 fois moins de postes par m2 que la moyenne des bureaux traditionnels, c'est dire le nombre d'espaces créatifs, de collaborations et de rencontres que nous proposons !
Les nombreuses entreprises qui sont passées au flex office et qui mettent à la disposition de leurs collaborateurs des locaux anonymes et interchangeables ne sont-elles pas en train de perdre des éléments de leur culture, de leur histoire et des liens entre salariés ?
Vous prêchez des convaincus ! Nous avons toujours pris le parti de créer des espaces de vie sur-mesure et qui, surtout, s'intègrent pleinement dans leur ville. Aussi, quand nous avons décidé de nous implanter à Aix-en-Provence, dont les locaux seront inaugurés dans quelques jours, nous avons pris le temps de réfléchir à la manière d'intégrer au mieux le patrimoine de cette ville si riche d'arts et d'Histoire. C'était pour nous une évidence et ce que nous essayons de retransmettre dans chacun de nos sites.