Symbole de cette diplomatie chinoise décomplexée, baptisé Wolf Warrior (loup combattant), l'ambassadeur de Chine en France rentre au pays. Selon le quotidien hongkongais Sing Tao Daily, Lu Shaye est rappelé pour présider l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec les pays étrangers (CPAFFC), qui dépend du Front uni, tentaculaire organe d'influence et de propagande du Parti.
Arrivé dans l'Hexagone en 2019, le quinquagénaire s'est distingué par une série de déclarations véhémentes : insulte envers le sinologue Antoine Bondaz, propos au vitriol contre les personnels soignants des Ehpad accusés d'avoir "abandonné leur poste" en plein Covid, tweets approuvant des messages qualifiant de "fascistes" certains médias français.
Des saillies qui ont valu à cet ex-ambassadeur au Canada plusieurs convocations au Quai d'Orsay. Recevant Challenges en novembre dernier, l'adepte de Thinkerview et Livre Noir, des chaînes YouTube qui séduisent la complosphère où il a déjà été invité, avait pointé, à rebours de la doxa scientifique, la responsabilité d'un laboratoire américain dans l'apparition du Covid.
Lire aussiComment les "loups guerriers" orientent la diplomatie chinoise
Sa dernière sortie, sur LCI le 21 avril, où il avait nié la souveraineté des pays issus de l'URSS, avait aussi fait naître des rumeurs sur un possible lâchage par Pékin.
"Si ce mouvement est confirmé, il ne doit pas être interprété comme une sanction ou une mise à l'écart, corrige Paul Charon, spécialiste de la Chine à l'Irsem. L'actuel directeur de la CPAFFC, Lin Songtian, avait d'ailleurs probablement été nommé à cette position en récompense pour sa diplomatie 'combattante'. Cela révèle que le Front uni est engagé dans une démarche beaucoup plus agressive qu'avant."