Une fin de matinée tout ce qu'il y a de plus normal chez Rick Owens, ou presque. En ce troisième jour de marathon de Fashion Week de Paris, la pluie a joué les trouble-fête ce jeudi, mouillant les têtes et les écrans de téléphone de la plupart des coureurs de la mode dont les premières présentations ont débuté tôt dans la matinée. Mais tandis que la sphère mode se dirigeait vers le show Rick Owens, surprise : le ciel s'est subitement éclairci, l'eau arrêtée de tomber. Un vrai miracle comme il n'en existe que pendant ces semaines estivales de défilés où une grande partie des shows ont lieu à l'extérieur. En arrivant au Palais de Tokyo où se déroulait le défilé du designer américain, plus que quelques gouttes ne subsistaient dans l'air, redonnant ainsi un semblant de calme (et une quiétude passagère plus que bienvenue) à cette course infernale des défilés entamée dès mardi dernier.
Le calme fut cependant d'une courte durée. Car comme à son habitude, Rick Owens avait préparé un spectacle son et lumière digne de sa réputation. Sur les notes d'une musique métallique et inaudible, les modèles ont fait leur apparition au loin depuis le premier étage du parvis sous un épais nuage de fumée blanche. Ces silhouettes terrifiantes ont poursuivi leur marche sur la partie centrale de la place, tournant ensuite autour de la grande fontaine qui trône en maître sur le Palais de Tokyo. Que ne fut pas alors notre surprise de voir se hisser sur de longs échafaudages plantés à même le bassin plusieurs petites boîtes rectangulaires au contenu mystère. Chez Rick Owens, l'art du spectacle à l'américaine - et le lot de surprises qu'il implique - a une fois encore pris toute la place aujourd'hui. À peine quelques instants plus tard et voici qu'une nuée de feux d'artifices colorés bleu, blanc, rose ou rouge, ont explosé dans les airs, avant de s'échouer sur les invités assis à proximité.
Venus en masse admirés leur maître, une ribambelle d'invités et de non-invités avaient fait le déplacement pour découvrir cette nouvelle collection printemps-été 2024. Depuis ses débuts, Rick Owens s'est même constitué une solide base d'adeptes qui ne jurent par le label américain lancé au milieu des années 90. Les plus grands fans de Rick Owens, que l'on a retrouvés à tous les abords du Palais de Tokyo ce matin, se caractérisent généralement par un total look aux pièces emblématiques du vestiaire Rick Owens à l'instar de ces grandes cuissardes à (très) hautes plateformes déclinées chaque saison par le créateur. Sur les bancs des invités célèbres, on a également aperçu le rappeur Offset, méconnaissable dans un masque noir en latex et fermeture éclair issu des précédentes collections de Rick Owens.
Parmi les pièces issues de cette dernière salve estivale 2024, Rick Owens prolonge le propos initié dans sa précédente collection automne-hiver. Les vêtements révèlent toujours autant les corps : les pantalons sont déchirés et les shorts raccourcis à l'extrême. Parfois, au contraire, les capes et autres combinaisons intégrales cachent jusqu'au plus petit centimètre de peau. Et les pièces continuent d'être déclinées dans des volumes encore et encore plus surhumains, à l'image de ces épaules pointues XXL ou de ces pantalons trois fois trop longs. Rick Owens déstructure jusqu'à leur degré extrême les proportions, et continue d'interroger notre notion du portable. Sont ainsi apparues aujourd'hui ces grandes bottes en forme d'attelles médicales, véritables nu-pieds signés Rick Owens.
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