Une ambition louable mais un dispositif incomplet. C'est ce que pointent du doigt quatre ONG et associations environnementales - Réseau Action Climat, France Nature Environnement (FNE), CIWF et Noé - dans une pétition en ligne. Remise en mains propres à la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Bérangère Couillard ce jeudi 22 juin, elle veut pousser le gouvernement à revoir sa copie sur l'étiquette environnementale. Elle l'exhorte notamment à «faire preuve d'ambition et résister aux lobbies qui s'opposent à la transparence». Principal reproche fait au futur outil, toujours en discussion, «qu'il ne prenne pas en compte tous les critères, qu'il oublie le mode d'élevage ou l'utilisation de pesticides par exemple», détaille Emma Dahan, de FNE. La pétition a comptabilisé 85 000 signatures et a été soutenue par une quarantaine d'associations.
A l'instar du Nutri-Score, cet Eco-Score note l'impact environnemental de chaque produit alimentaire, donnant une indication de bonne pratique au consommateur. Si sa création est prévue depuis 2020 par la loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire, une première version de l'outil devrait «voir le jour cet été», indique Enzo Armaroli de l'association de protection de la nature Noé.
Problème, le prototype actuel «repose essentiellement sur le système de l'Analyse de cycle de vie (ACV)», qui quantifie, tout au long de la vie du produit, les effets environnementaux liés aux activités humaines. Un outil «purement industriel», insuffisant selon les associations, qui «fait des raccourcis» et conclut, à tort selon Enzo Armaroli, que «plus on produit sur une petite surface, mieux c'est». Surtout que l'ACV ne prend en compte ni le mode d'élevage et le bien-être animal ni l'utilisation de pesticides. Deux indicateurs pourtant «essentiels pour comptabiliser les impacts sur la biodiversité», regrette Emma Dahan.
Autre fer de lance des ONG environnementales : que l'étiquette soit directement affichée sur le produit. «On vient d'apprendre que ça ne sera pas forcément le cas, il pourrait y avoir une sorte de système à la Yuka, de scan de code-barres, pour y accéder», propose Enzo Armaroli. Enfin, la pétition demande que le système de notation induise une distinction au sein d'une même catégorie de produits. En d'autres termes, «qu'une différence visuelle soit faite entre des pommes différentes par exemple» : avec ou sans pesticides, cultivées sous serre.
En attendant la mise en place de l'outil gouvernemental, deux initiatives privées ont vu le jour : le Planet-Score et l'Eco-Score. Le premier, déjà en vigueur dans quelques grandes enseignes comme Carrefour, Auchan ou Lidl, donne une note de A à E avec des sous-indicateurs «pesticides», «biodiversité» et «climat» afin de guider le consommateur. L'Eco-Score (à ne pas confondre avec le futur dispositif du gouvernement), utilisé par Marmiton et Yuka, repose quant à lui uniquement sur un système de notation de A à E, sans donner plus de détails.
Pour son outil, personne ne sait de quel modèle le ministère s'inspirera. «On a très peu d'informations sur la forme. Est-ce que ce sera un système de couleurs avec des chiffres ? Avec des lettres ?» s'interroge Emma Dahan. Et la véritable question qui reste en suspens concerne l'avenir des deux outils déjà existants : vont-ils disparaître au profit d'un seul et même Eco-Score gouvernemental ? Ou tous trois vont-ils pouvoir coexister ?