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Essai Ford Bronco (2023) : allez, hue !

logo de Autonews Autonews 22.06.2023 18:24:13 Quentin Cazergues

Le Bronco, c'est l'autre cheval de Ford, le tout-terrain sauvage arrivé deux ans après la Mustang en 1966 mais jamais en Europe. Cinq générations nous sont passées sous le nez. La sixième est sortie en 2021, 25 ans après la précédente. Elle débarque pour la première fois chez nous cette année. Alors, au volant !

Le cow-boy moderne à la recherche de sa monture ne pourra pas rêver mieux. Une machine de caractère adepte des virées dans la boue, estampillée « USA » par sa production passée, de plus de trente ans de l'autre côté de l'Atlantique. Iconique par sa forme que la nouvelle et sixième génération reprend avec fidélité à l'originelle de 1966. Le Ford Bronco avait perdu un peu de son identité entre sa deuxième et sa cinquième itération, aboutissant à un arrêt de sa fabrication en 1996 pour ne revenir qu'en 2021, mais toujours pas en Europe. En 2023, le tout-terrain consent à réaliser la traversée. Avec toute la fougue du logo qui le caractérise. Le cheval en pleine ruade remplace même l'inscription de son nom sur la porte du coffre. Celle-ci s'affiche en échange en gros en pleine calandre. Bronco, le cheval qu'on ne dompte pas, selon l'expression américaine consacrée. Ses phares à LED ronds entrecoupés de deux traits lumineux horizontaux l'identifient et pourraient presque paraître trop sages pour son pedigree. Sa carrure rectangulaire, taillée à la serpe, et sa silhouette de véritable franchisseur assurent la représentation en public. Jusqu'à 4,80 m de long, 1,94 m de large et 1,96 m de haut (1,85 m pour la version Outer Banks), sans excès d'encombrement, il a de la présence sur la chaussée.

Avec une grosse préférence pour l'état sauvage, le Bronco de l'Ovale bleu sait heureusement se montrer coopératif en milieu civilisé. Il hérite à la fois d'un esprit baroudeur et de celui des SUV, grâce à une gamme de différentes carrosseries trois et cinq portes, plus ou moins compactes, avec une attention certaine portée au style et à l'agrément. Pour l'Europe, seul le Bronco cinq portes et son empattement de 2,95 m est proposé. Une seule mécanique également, pas forcément celle que l'on aurait pu imaginer. Puisque soumis au malus à hauteur de 50 % de son prix, Ford nous fait profiter du V6 2,7 bi-turbo essence de 335 chevaux et 563 Nm de couple plutôt que du quatre cylindres EcoBoost. Et ses aptitudes hors des sentiers battus recèlent de nombreuses surprises pour envisager aussi bien de s'amuser sur route qu'à travers champ.

© Fournis par Autonews

Deux versions avec tout l'équipement technologique sont laissées au choix. L'« Outer Banks » pour un usage plutôt routier et la « Badlands » pour le franchissement pur et dur, se caractérisant par une suspension Bilstein à plus grand débattement, une barre stabilisatrice avant déconnectable, des pneus à flancs plus hauts sur jantes de 17" au lieu de 18", un blocage des différentiels avant et arrière, deux modes de conduite « Franchissement » et « Baja » (en référence à la victoire en 1969 du Bronco lors de la course mexicaine Baja 1 000) en remplacement du mode « Sport » du Bronco Outer Banks, des barres de toit ou encore une garde au sol passant de 24 cm à 26 cm.

En montant à bord, on ne perd pas de temps pour enlever une partie du toit. Il peut en fait se retirer entièrement, en quatre parties. Les deux premières couvrent chaque passager avant. La troisième se trouve au-dessus de la banquette arrière. Ces trois morceaux se déverrouillent avec plusieurs pivots et poignées en quelques secondes. Des housses sont prévues pour les transporter à l'intérieur une fois retirés. Le quatrième morceau se compose de toute la partie arrière du pavillon, incluant les custodes latérales et la lunette arrière ouvrante. Il faudra une zone de stockage pour s'en délester. Les arceaux de structure deviennent ainsi apparents. Un tout nouveau look plus extrême se révèle.

Mieux encore, les portes se retirent, un peu à la manière de son plus grand concurrent, le Jeep Wrangler. Un outil unique sert à les démonter en quelques minutes avec de la pratique. Elles aussi bénéficient de housses pour les emporter. Mais uniquement pour un usage autorisé en tout-terrain. La visibilité pour venir à bout des plus gros obstacles s'en trouve largement renforcée. La vulnérabilité des occupants à la poussière et aux éclaboussures également. Pas de panique pour le mobilier en revanche. Tout se nettoie, même le revêtement étanche des sièges en similicuir avec le logo du Bronco sur le dossier.

Mais on peut comprendre que garder les portières et remonter les vitres puisse parfois avoir ses avantages. Surtout que la caméra à 360° est livrée en série, avec représentation de la trajectoire des roues à l'avant (façon traces de pneus) et à l'arrière, sur une image de belle définition et un grand écran central tactile de 12 pouces de diagonale, au format paysage.

L'habitacle a d'ailleurs lui aussi un petit aspect néo-rétro par ses formes marquant une double casquette au niveau de la planche de bord. Les poignées de maintien évoquant celles du monde de l'outillage se greffent dessus et sur la console centrale, un peu trop en avant mais sûrement idéales pour retenir un passager en pleine pente abrupte, nez plongeant vers le sol. Les plastiques durs et assemblages passables correspondent aux priorités d'un 4x4 à l'américaine. De légers rembourrages sur le haut des contre-portes et sur les accoudoirs ainsi qu'une sellerie confortable sont là pour mettre à l'aise. Et entre la recharge par induction, la multitude de prises de chargement, la connexion sans fil par Android Auto et Apple CarPlay, les interrupteurs au plafonnier pour actionner divers accessoires ajoutés (tels que la barre lumineuse extérieure additionnelle à 1 000 ?), la sono B&O ou encore l'instrumentation semi-numérique avec écran couleur de 8 pouces aux très nombreuses données sur l'état de la mécanique et des données de conduite, il n'y a plus rien à envier aux modèles routiers du moment.

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On sélectionne son mode de conduite en fonction du sol : boue, sable, terrain glissant et on s'élance face aux roches, aux dévers et côtes abruptes. Les croisements de ponts et l'écrasement des suspensions, les roues qui se collent à l'intérieur des passages de roues, le capot qui masque la route chutant brusquement devant soi, les contraintes s'enchaînent, l'électronique veille et le Bronco progresse inlassablement. Contrôle de la descente, régulation de la vitesse, blocages de différentiels, augmentation du débattement en découplant la barre stabilisatrice avant, il y a toujours une solution. Il est même possible de réduire les 12,2 m de diamètre de braquage dus au long empattement, grâce à une fonction de blocage de la roue arrière intérieure au tournant, améliorant la rotation de 40 % sur sol meuble.

Évidemment, la molette de contrôle des modes reçoit aussi des touches de sélection pour la transmission. Deux roues motrices, quatre roues motrices et sa variante à rapports courts pour évoluer à faible allure en démultipliant un maximum la vitesse du moteur, rien ne manque. Avec 2,3 tonnes à déplacer (2,2 tonnes pour le Bronco Outer Banks), c'est un minimum. Son agilité dans les forêts aux passages les plus étroits, sa sensation de facilité à effacer les obstacles, ses capacités de relances et sa direction douce, ne donnent pas cette impression de poids.

Il peut en outre s'immerger jusqu'à 80 cm de hauteur et traverser des cours d'eau en s'en extirpant avec vigueur, dans un vrombissement à faire fuir toute la faune environnante. Les porte-à-faux courts (41° d'angle d'attaque et 33° d'angle de fuite pour le Bronco Badlands) finissent de rassurer sur ses chances de ne pas se retrouver bloqué sur le parcours.

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Une fois l'excursion achevée, reprendre la route témoigne de la polyvalence de ce Bronco. Ses suspensions indépendantes maintiennent une bonne tenue de cap, bien que les mouvements de caisse soient sensibles, à un degré raisonnable. Cela compense un peu la fermeté d'amortissement pour éviter les coups secs. Le confort reste surtout assuré par les sièges. Les utilisateurs préférant majoritairement la route choisiront plutôt la version « Outer Banks » et son mode Sport durcissant la direction et améliorant la réponse de l'accélérateur et de la boîte automatique à 10 rapports, présente sur la Mustang notamment.

Avec ses 335 chevaux, le 0 à 100 km/h ne demande que 6,7 secondes. Après une mise en mouvement très progressive, le Bronco s'ébroue en montant dans les tours avec une sonorité plaisante du V6 et plus de vivacité. Les reprises sont toniques et la masse s'oublie une nouvelle fois. Les approximations relatives de la direction participent ici à l'esprit sauvage de l'équidé américain. Rouler avec les cheveux au vent sera d'autant plus animal. Les bruits aéro de la position fermée seront alors totalement assumés. Tandis que la vue sur le capot droit aux extrémités marquées des accroches pour objets de toit longs ainsi que les compteurs numériques aux affichages sous forme de jauges verticales, participent à l'originalité du poste de conduite.

Un gros tunnel central à l'arrière sera la principale contrainte pour les passagers du second rang. Leurs bagages se logeront facilement dans les 546 litres de coffre, réduits à 471 litres dans le Bronco Outer Banks, doté d'un plancher surélevé intégrant une planche coulissante vers l'extérieur, en guise de table de travail dont les bords empêchent les objets roulant posés dessus de chuter. Il faudra prévoir de la place dans tous les cas derrière le véhicule au moment de stationner, puisque ce coffre s'ouvre par une porte battante de toute la largeur du Bronco, de la gauche vers la droite, et intègre la roue de secours. Rabattre la banquette porte le volume à 1 804 litres au maximum.

Pour mettre la main sur un Bronco, il faudra débourser 76 500 ? avec la finition « Outer Banks » et ajouter 4 000 ? pour la « Badlands », sans compter sur un malus portant le total à respectivement 114 750 ? et 120 750 ?. Et puisque dompter le Bronco ne coule pas de source, tous n'ont pas accepté d'embarquer pour notre continent. La production annuelle est limitée, sans plus de précision. Avis aux cow-boys les plus habiles de l'ouest, une rapidité au lasso (et quelques billets) sera nécessaire afin d'en ramener un au ranch.

jeudi 22 juin 2023 21:24:13 Categories: Autonews

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