Lorsque Renault a lancé il y a trois ans sa technologie E-Tech, associant motorisation essence et électrique avec une inédite boîte à crabots, il l'a déclinée en deux versions : hybride simple et hybride rechargeable. Trois ans après, cette dernière version quitte le catalogue, faute de succès commercial. Les Captur E-Tech Plug-in et Mégane E-Tech Plug-in ont donc d'ores et déjà disparu du catalogue. Ce qui peut être compréhensible sur la Mégane, en fin de carrière, apparaît plus étonnant pour le Captur, encore assez récent et dont le restylage est imminent.
Mais la décision de Renault est prise: même après la mise à jour, il n'y aura plus de version hybride rechargeable de ce modèle. Il s'agissait pourtant, avec le Mini Countryman, du seul SUV urbain proposant ce type de motorisation.
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"Les ventes de motorisations hybrides rechargeables sont trop faibles pour justifier leur maintien au catalogue, nous confie une source chez Renault. Assurer les frais de formation en après-vente et gérer les stocks de pièces pour des volumes aussi modestes n'est pas rentable. L'hybride rechargeable, technologie plus coûteuse et dont l'usage n'est optimal que pour une faible part de clients, est donc minoritaire dans les ventes chez Renault. Un constat qui se retrouve chez d'autres marques. Kia, dont le Niro est proposé en hybride, électrique et hybride rechargeable, dresse le même constat: ce dernier type de motorisation ne représente qu'environ 10% des ventes de son SUV compact.
Il s'agit d'ailleurs d'une tendance: la part de marché des hybrides rechargeables recule. En mai 2023, elle était de 7,4% en Europe, contre 8,8% un an auparavant. "D'une manière générale, les ventes d'hybrides rechargeables baissent. Les seules motorisations dont les parts de marché augmentent sont les hybrides simples et les électriques", nous expliquait Lionel French-Keogh, Président de Hyundai France, il y a quelques mois lors de la présentation de la Ioniq 6.
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Outre son tarif élevé, et ses caractéristiques qui répondent à un usage précis (petits trajets réguliers au quotidien, longs trajets plus exceptionnels), la technologie hybride rechargeable reste mal comprise par le grand public. "De nombreux clients pensent que la seule différence entre l'hybride simple et l'hybride rechargeable, c'est que celle-ci apporte la contrainte supplémentaire de devoir être branchée sur une prise", poursuit notre source chez Renault.
S'il est un segment où les hybrides rechargeables rencontrent le succès, c'est celui des SUV haut-de-gamme. Grâce au calcul normalisé européen des consommations moyennes et émissions de CO2, qui est une pondération entre la consommation en mode hybride et l'autonomie électrique, les seuils sont extrêmement bas. Voilà qui permet d'échapper aux malus qui affecteraient sinon ces modèles, s'ils étaient animés par une motorisation thermique classique. Autre avantage: le cumul des puissances des moteurs essence et électrique assure des fiches techniques flatteuses. Voilà pourquoi l'hybride rechargeable est devenu incontournable chez les marques haut-de-gamme, allemandes en particulier.
Renault Rafale. Crédit : Renault
Si Renault ne dispose plus, à l'heure actuelle, de motorisation hybride rechargeable, cela reviendra bientôt. La marque au losange vient tout juste de présenter son Rafale, SUV Coupé qui coiffe la gamme. D'abord dévoilé en version hybride de 200 ch, une mécanique partagée avec les Austral et Espace, il se déclinera en hybride rechargeable courant 2024. Un deuxième moteur électrique sera ajouté sur le train arrière, ce qui apporte l'avantage d'une transmission intégrale et fait grimper la puissance totale à 300 ch. Voilà qui permettra de justifier le tarif plus élevé de cette version.
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Par ricochet, la disparition du Captur hybride rechargeable laisse en suspens la question de son jumeau, le Mitsubishi ASX. Tout juste lancé, celui-ci disposait de toutes les motorisations du Captur. "Pour l'instant, nous avons toujours des ASX hybrides rechargeables, et il est possible d'en commander un neuf", nous révèle-t-on chez Mitsubishi. Pour combien de temps encore? La question reste entière, puisque le constructeur aux trois diamants est dépendant de la production de l'usine Renault de Valladolid.