Vanity Fair

«Si j'avais vu Rihanna arriver, j'aurais perdu le tempo\!»: les confidences de Thomas Roussel, chef d'orchestre du défilé Louis Vuitton

logo de Vanity Fair Vanity Fair 21.06.2023 21:54:00 Kahina Sekkai
Thomas Roussel face aux musiciens, sur le Pont Neuf. Denys Schelfhaut

Au lendemain du show exceptionnel donné sur le Pont Neuf pour présenter la première collection de Pharrell Williams pour Louis Vuitton, Thomas Roussel est toujours sur un petit nuage. et Pharrell n'est jamais loin. C'est depuis les allées de l'exposition Just Phriends, avant une vente aux enchères d'objets collectionnés par l'artiste touche-à-tout, que le compositeur et chef d'orchestre français décroche le téléphone. La veille, nous l'avions salué à la sortie du défilé achevé par un set d'une vingtaine de minutes donné par Jay-Z et Pharrell en personne, pour les 1800 happy few conviés -et au moins autant de téléphones brandis pour immortaliser l'instant.

Il y a un mois et demi, alors qu'il jouait aux petites voitures avec son fils de trois ans, Thomas Roussel a reçu « un de ces coups de fil dont on se souvient toute sa vie » : « Tout de suite, on est embarqué dans un grand huit d'émotions. L'idée était de diriger l'orchestre, de m'occuper de toute la musique et l'exécution musicale, de l'orchestration symphonique des morceaux de Pharrell. Le directeur artistique était tellement un génie de la musique que je n'ai pas composé de titre. J'étais la personne qui pouvait parler avec Pharrell et recruter les bons musiciens, les bons ingénieurs son, les techniciens. Ma mission était que la magie opère. » Le musicien a ainsi recruté 75 musiciens et autant de chanteurs, un à un, pour réunir « une équipe diverse, à l'image de ce qu'essaient de faire Pharrell et Vuitton, et motivés, contents d'être là, talentueux ».

La mission première était d'« appliquer les voux de Pharrell » : « Mais j'ai pu petit à petit proposer et m'occuper de quelques orchestrations », se félicite le Français. Ainsi, le final ne devait être composé que de Voices of Fire, le chour que Pharrell Williams forme pour être « le meilleur orchestre gospel du monde » et à qui Netflix a consacré un documentaire en 2020, venu spécialement de Virginie pour l'occasion. Mais Thomas Roussel a convaincu les équipes d'inclure les musiciens, avec une orchestration de « JOY (Unspeakable) » qui a conquis l'assistance -au premier rang de laquelle se trouvaient Rihanna et ASAP Rocky, emportés malgré leur retard dans l'ambiance et les « Joy » clamés par le chour. « On était dans une configuration vraiment exceptionnelle : on n'avait jamais fait un show où le directeur artistique est aussi un musicien connu, respecté et récompensé. »

Le Français est arrivé sur le projet auréolé d'une certaine expérience dans la mode. Chanel, Dior, Givenchy, Valentino, Cartier, L'Oréal. tous ont fait appel au chef d'orchestre et compositeur, qui s'est fait une spécialité d'« exploser l'orchestre dans l'espace et de s'affranchir d'une disposition classique ». Son exemple le plus marquant : l'orchestre symphonique en ligne droite, les musiciens les uns derrière les autres, pour la présentation de la collection Automne-Hiver 2015-2016 chez Dior Homme.

Il a également bénéficié de l'entremise de Pedro Winter, un autre proche de Pharrell Williams, qui a produit avec son label Ed Banger, son premier EP « LATE METAL » (2022) et son prochain, sorti en septembre prochain. « Pedro a parlé de moi à Pharrell, ça a dû conforter son choix. Il ne laisse rien au hasard, surtout pour orchestrer ses propres morceaux. »

Pendant un mois et demi, alors qu'il mettait les touches finales à cette collection tant attendue, Pharrell Williams suivait de près l'avancée du projet musical. « On avait un livestream dédié à nos répétitions, entre l'orchestre et le chour, se souvient Thomas Roussel. On voyait quand Pharrell se connectait pour regarder nos répétitions, on me disait à l'oreillette. et ça mettait un coup de pression supplémentaire ! plaisante-t-il. Il a suivi de loin, mais on savait qu'il était là. »

Il a rencontré pour la première fois Pharrell lundi soir, après l'ultime répétition. « Il m'a dit qu'il était "blown away" ! » explique fièrement Thomas Roussel, qui a pu visiter les studios où l'équipe travaillait sur la collection. « Une ambiance à la fois très cool, détendue mais aussi sérieuse et studieuse. Ça m'a rappelé quand j'ai travaillé avec Karl Lagerfeld pour le défilé Chanel à Venise en 2009. Il fallait que je m'en rappelle, car tout le monde n'a pas accès à de telles coulisses, c'est vraiment une chance. » Une comparaison avec le Kaiser de la mode que Pharrell Williams, en autodidacte, ne pourra qu'apprécier.

Avec le traditionnel retard des défilés parisiens, le show a commencé à la nuit tombée, sur un Pont Neuf privatisé pour l'occasion. Lorsque les lumières se sont agitées, les premières notes de « Peace Be Still », avec au piano un certain Lang Lang, un ami (multirécompensé) de Pharrell, ont retenti. et les premiers looks sont arrivés, mais pas la pression. « Juste avant le show, j'étais super détendu et excité, porté par son équipe du tonnerre, des amis et des professionnels incroyables, conscients de notre chance. Hier, il y avait 100% de bonheur et d'excitation et 0% de stress. »

Thomas Roussel, dans un costume gris à damier et baguette à la main, guidait également ses musiciens via un micro et une oreillette pour chacun. Il a tenté de jeter un oeil aux looks, sans grand succès : « J'ai un gros faible pour la mode et Pharrell, j'ai essayé de faire attention mais c'était difficile. Je n'ai même pas vu Rihanna arriver en retard, sinon j'aurais perdu le tempo ! » Il a pu se rattraper ce matin, ravi d'une « qualité d'exécution live rarement entendue » malgré les conditions exceptionnelles et d'une première collaboration qui, il l'espère, « en amènera d'autres ».

jeudi 22 juin 2023 00:54:00 Categories: Vanity Fair

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