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Du «Titanic» au «Titan» : ce que dirait James Cameron de l'épopée tragique du sous-marin perdu

logo de Liberation Liberation 21.06.2023 18:54:55 LIBERATION
Le cinéaste canadien James Cameron, en Argentine ce 8 juin.

Il est l'homme de la case départ, celui par qui la disparition du Titan est arrivé. En 1997, bien avant Avatar, James Cameron a réalisé l'un des films les plus populaires de l'histoire du cinéma, Titanic. «J'adore les épaves», a-t-il déclaré dans un documentaire de l'édition DVD du film, et «le RMS Titanic est l'épave ultime».

C'est le succès extraordinaire du film qui a ravivé l'intérêt pour l'histoire du paquebot de luxe tragiquement célèbre, alimentant le mystère qui a poussé des millionnaires amateurs de sensations fortes à payer des sommes folles pour voir de leurs propres yeux, à 4 000 mètres de profondeur, l'épave la plus célèbre du monde.

Le dernier exemple en est donc l'épopée tragique du Titan, le sous-marin qui a disparu cette semaine, avec à son bord cinq personnes. Sans Cameron et sa puissance narratrice, ils ne seraient sans doute pas descendus dans les profondeurs de l'océan qui les a happés.

Cameron lui-même en sait quelque chose, puisque avant de faire le film, il était descendu explorer l'épave du Titanic à bord d'un sous-marin militaire russe. Cinq ans plus tard, il avait replongé, cette fois à plus de 11 kilomètres de profondeur, dans la fosse océanique la plus profonde et la moins explorée au monde, «la fosse des Mariannes». «Dans l'un des endroits les plus impitoyables de la Terre», avait-il déclaré dans une interview au New York Times peu avant son départ, «ce n'est pas comme si vous pouviez appeler l'assistance routière pour venir vous chercher».

Sollicité depuis plus de quarante-huit heures par les journalistes du monde entier, James Cameron ne répond pas et n'a pour l'instant pas commenté la disparition du Titan. Mais dans un entretien à Libération, paru à la sortie d'Avatar 2 en décembre, il offrait sa vision de notre relation à l'océan, qui est pour lui notre relation à l'humanité : «L'eau, comme vous le savez, est une métaphore de l'inconscient. On plonge dans l'eau comme on s'enfouit dans son subconscient. On passe dans le monde des rêves. On remonte dans son passé. On renoue avec cette partie non verbale de l'esprit. Dans le film, l'océan est aussi littéral, un équivalent de nos océans [.] Les Na'vi ne sont pas des extraterrestres, ils sont une meilleure version de nous-mêmes. Et les hommes, dans le film, sont la pire.»

Les aventuriers du Titan seraient donc la pire version de nous-mêmes. C'est encore plus clair dans la distinction que fait Cameron dans notre interview entre deux types d'humains : «Les êtres humains sont tout ça à la fois, je ne vous apprends rien. Mon espoir est que les spectateurs se rangent du côté des aliens pour ressentir ce que ça provoque d'être envahi. De devenir un réfugié, de devoir se battre pour défendre sa terre, pour sa survie. Avec un peu de chance, certains en arriveront à leurs conclusions sur ce que j'appelle le grand conflit de l'humanité, entre les «takers» (ceux qui exploitent) et les «caretakers» (ceux qui préservent). Jusqu'à présent, nous avons été une civilisation d'exploiteurs, mais il existe suffisamment de sauveurs parmi nous pour nous aider à trouver le chemin vers l'autre côté, c'est-à-dire au-delà de l'extinction qui nous menace. Ce chemin existe. Il nous emmène vers une consommation différente, et un changement drastique du regard que nous portons sur la valeur des choses.»

Alors qu'il reste en théorie vingt-quatre heures d'oxygène dans le Titan, nous pouvons méditer sur le chemin choisi par ses passagers fortunés, fortunés jusqu'à ce qu'ils ne le soient plus.

mercredi 21 juin 2023 21:54:55 Categories: Liberation

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