La famille de Patricia Pasquion a témoigné mercredi de son incompréhension et de sa colère devant les assises de la Drôme au procès de Gabriel Fortin, accusé d'avoir tué cette cadre de Pôle emploi alors qu'il n'avait vraisemblablement jamais eu de contact avec elle.
"Vous êtes le néant", lui assène Jean-Luc Pasquion, le mari de la victime, venu à la barre des témoins avec un portrait de sa femme, abattue à Valence sur son lieu de travail au cours du périple mortel de l'accusé en janvier 2021.
"Nous venons demander des comptes à cet homme qui au-delà de son apparence physique ne possède aucune des valeurs humaines qui font ce que nous sommes, des êtres pour qui la vie a un sens", a-t-il expliqué, maîtrisant mal sa "colère" face au "monstre" Fortin.
"La question ultime c'est pourquoi?", s'interroge de son côté sa fille Laura. Une des soeurs de Patricia Pasquion, Catherine, a elle aussi fait part de son incompréhension.
"Je ne comprends toujours pas, je n'ai pas eu d'explication" depuis le début du procès, dit-elle. "En veut-il seulement à Pôle emploi? J'aimerais avoir une réponse mais je sais que l'accusé ne va pas parler et je ne veux pas le supplier, ça lui ferait trop plaisir".
La veille, le policier en charge de l'enquête avait estimé que Mme Pasquion s'était trouvée "au mauvais endroit au mauvais moment", incarnant aux yeux de Gabriel Fortin l'institution de Pôle emploi qui représentait "son échec professionnel". L'accusé avait été inscrit jusqu'en 2013 dans l'agence valentinoise où a eu lieu le crime, mais l'enquête n'a répertorié aucun contact direct entre le chômeur et la victime qui y travaillait.
La famille a demandé à la cour non seulement la réclusion à perpétuité, mais aussi une peine de sûreté "illimitée".
De nouveau interrogé à l'issue des témoignages de la famille, Gabriel Fortin a dit qu'il n'avait "rien à déclarer". Et ce quelle que soit la question: sur le décès de Patricia Pasquion, sur le fait de savoir si les témoignages avaient suscité un sentiment chez lui.
"Vous nous laissez dans l'incompréhension en disant que vous n'avez rien à déclarer", remarque l'avocat général Laurent de Caigny. "Je n'ai rien à déclarer", répète Gabriel Fortin.
Gabriel Fortin est jugé pour trois assassinats et une tentative d'assassinat, commis entre le 26 et le 28 janvier 2021. Le verdict est attendu le 30 juin.