Un parfum d'espoir flotte dans l'air. En proie à des tensions de longue date, la relation entre l'Inde et le Pakistan pourrait se réchauffer grâce au sport. Les deux pays vont s'affronter ce mercredi 21 juin dans le cadre du championnat d'Asie du sud de football, qui se déroule dans la ville indienne de Bangalore. Alors même qu'ils n'avaient pas de visas pour voyager en Inde et qu'ils ne savaient pas s'ils pourraient participer à la compétition, les joueurs de la sélection pakistanaise ont reçu les précieuses autorisations mardi. C'est la première fois depuis 2014 que l'équipe du Pakistan va se rendre chez son voisin indien.
Le Pakistan et l'Inde, respectivement 195e et 101e au classement Fifa, s'étaient bien affrontés en 2018 en championnat d'Asie, mais en «terrain neutre» : au Bangladesh. Les pays rivaux jouent rarement l'un contre l'autre à domicile, même lorsqu'il s'agit de cricket, sport roi dans les deux anciennes colonies britanniques.
La rencontre de ce mercredi revêt dès lors un aspect plus symbolique que sportif. Haroon Malik, le président de la Fédération pakistanaise de football a affirmé à Al-Jazeera mardi «être très excité, et avoir hâte de jouer ce tournoi. C'est vraiment le rôle du football : unir le monde et rassembler les gens». Le capitaine Yousuf Butt est aussi détaché du résultat sportif : «Nous réaliserons une performance digne de ce nom [.], et en dehors du terrain, nous essaierons de gagner les cours pour apaiser les tensions».
Si l'Inde et le Pakistan ne se font plus officiellement la guerre comme en 1947, 1965 et 1971, qu'il n'y a plus des milliers de morts à déplorer de chaque côté, les relations diplomatiques restent orageuses. Vitrine de ce passé et de ce présent houleux, la région du Cachemire cristallise toutes les tensions. Cette zone tampon entre puissances nucléaires - l'Inde, le Pakistan mais aussi la Chine - abrite une myriade de frontières, toutes plus ou moins contestées et disputées par les forces en présence. Les attentats sanglants de 2008 à Bombay, revendiqués par des militants islamistes pakistanais, qui ont vu périr 188 Indiens dans des attaques à la bombe simultanées, sont encore dans les mémoires.
Les tirages au sort des compétitions provoquent parfois des rencontres dépassant le simple cadre sportif. On se souvient par exemple du match entre l'Iran et les Etats-Unis à la coupe du monde 1998. Après des décennies de conflits, et un embargo sur le commerce en Iran appliqué par les Américains en 1995, la partie de foot avait participé à une timide réconciliation.
C'est dans ces pas que veulent se placer pakistanais et indiens. Signe que le projet est en bonne voie : malgré les menaces de boycott d'Islamabad, l'espoir que le Pakistan participe à la coupe du monde de cricket, organisée cette année en Inde, renaît.