Bien décidé à poursuivre ses efforts pour lutter contre le réchauffement climatique, le gouvernement a présenté son plan de sobriété énergétique estival. Le cap de 10 % de consommation en moins à l'horizon 2024 est maintenu.
Ne pas abuser de la clim', fermer les portes des magasins quand elle est allumée. Le gouvernement a dévoilé l'acte II de son plan de sobriété pour inciter, et non obliger, les Français à continuer de réduire leur consommation énergétique cet été et tout au long de l'année.
La menace des coupures de courant hivernales est déjà loin, mais le gouvernement appelle les Français à ne pas relâcher leurs efforts pour réduire durablement leur consommation en électricité, gaz et carburants, huit mois après le lancement de son plan de sobriété en pleine crise énergétique.
Comme en octobre 2022, le plan reste sur des mesures d'encouragement plutôt que sur la réglementation et la coercition. Objectif : développer chez chacun « du bon sens énergétique », a indiqué le ministère de la Transition énergétique à l'AFP.
Parmi les 14 mesures de cet acte II, un rappel à l'ordre : dans les bureaux et magasins en particulier, la climatisation ne doit pas être déclenchée en dessous de 26 degrés.
Il est aussi demandé aux maires d'assurer la bonne application du décret d'octobre 2022 qui impose aux commerces de ne pas laisser les portes ouvertes lorsqu'ils utilisent un climatiseur.
Secteur très actif l'été, le spectacle vivant s'engage aussi à réduire sa consommation énergétique, salue le ministère, qui cite l'exemple du festival Main Square d'Arras qui sera alimenté sans groupe électrogène.
Le gouvernement compte voir diminuer la consommation de carburants, notamment par le biais des entreprises incitées à demander à leurs salariés de rouler à 110 km/h maximum sur autoroute, au lieu de 130. Vingt-sept entreprises du CAC 40 s'y sont engagées, fait-il valoir. Une consigne déjà passée aux agents de l'État cet automne.
La mesure permet de réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre tout en économisant 20 % de carburant, met en avant le gouvernement.
Par la suite, le malus à l'achat des véhicules « les plus émetteurs de CO2 et les plus lourds » devrait être « très sensiblement augmenté ».
Les appels à la sobriété volontaire, mais aussi la flambée des prix de l'énergie, ont fait reculer depuis le 1er août 2022 la consommation de gaz et d'électricité de 12 % (hors effets météo) par rapport à 2018-2019, selon les chiffres du ministère. Ces économies ont permis d'éviter cet hiver des coupures d'électricité, au moment où le nucléaire français était en difficulté.
Dans le détail, depuis août dernier, la consommation d'électricité cumulée a baissé de 8 % et celle de gaz, de 16,9 % (secteurs industriel et résidentiel combinés, hors centrales à gaz) par rapport aux années d'avant-Covid.
Pour autant, le gouvernement n'a pas prévu de durcir son objectif initial de réduction de 10 % de la consommation d'ici 2024, « qui paraît déjà ambitieux », préférant le pérenniser toute l'année. Un bilan sera fait « sur la totalité de l'année pour voir s'il y a lieu de renforcer les efforts », a précisé le ministère à des journalistes.
L'exécutif vise -40 % de consommations d'énergies tout confondu d'ici 2050, et selon le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE, la sobriété n'est « plus une option » pour réussir la transition énergétique.
Pour élaborer son plan, le gouvernement a mené une concertation.
L'ensemble des 40 entreprises du CAC 40 s'engagent à adopter des objectifs chiffrés de baisse de consommation et à les rendre publics. Trente-sept d'entre elles vont réfléchir à baisser leur consommation via une rationalisation du télétravail. « L'option d'avoir un jour fixe de télétravail dans la semaine permet de fermer le bâtiment », selon le cabinet de la ministre.
Le sport est aussi mis à contribution : « dès la saison 2023-2024, l'octroi de la licence club de Ligue 1 et de Ligue 2, qui permet de bénéficier des droits télévisuels » - une manne annuelle de plusieurs centaines de millions d'euros - « sera notamment conditionné » à des critères de sobriété avec notamment une réduction de la consommation de 10 %.