Décarboner le transport aérien dans un monde qui pourrait voir doubler le nombre d'avions en circulation dans les 20 prochaines années. C'est l'immense défi qui attend les grands avionneurs actuellement réunis au Salon du Bourget.
Pour Airbus et un certain nombre de start-up de l'aéronautique, une des solutions passe par une révolution: le moteur à hydrogène.
Au Bourget, une première présentation publique a été faite du DragonFly, la libellule, un avion à hélices conçu par une start-up française, Blue Spirit Aero. Doté d'une pile à combustible hydrogène, cet avion de tourisme devrait être mis en service en 2026.
Pour les plus gros porteurs et les longs courriers, cela devrait être un peu plus long. Si tant est qu'ils finissent par voir le jour.
Car pour l'heure, les avis sur le sujet sont loin d'être unanimes. Du côté de Dassault, on estime ainsi que l'hydrogène est un vou pieux dans le monde de l'aérien.
"Je ne crois pas à l'hydrogène car l'hydrogène c'est très dangereux, a dit le patron de Dassault Aviation, Eric Trappier, au micro de BFM Business ce mardi. On a étudié [les avions à hydrogène] et on a conclu que ce n'était pas possible dans un avenir de décennie(s)."
Comme le patron de Safran qui se montre sceptique sur le sujet, le Pdg du groupe aéronautique français estime même qu'il s'agit de perte de temps que de s'investir dans cette recherche.
Outre Airbus qui a dévoilé en 2022 des maquettes de son concept ZEROe, un gros-porteur doté d'une pile à hydrogène sur lequel le groupe travaille avec ArianeGroupe et une filiale d'Engie, Boeing ne ferme pas la porte à la technologie.
Un avion à propulsion hydrogène pourrait voir le jour en 2035, a estimé ainsi Jean-Marc Fron, le directeur général de Boeing en France sur BFM Business. Mais il sera de petite taille, soit 15 ou 20 passagers, et ne serait cantonné qu'à un petit segment de marché.
Des réticences que ne partage pas Augustin de Romanet qui a lui aussi évoqué le sujet sur le plateau de BFMTV. Le PDG d'ADP croit que l'avenir de l'aviation civile passera par une diversité de solutions qui iront des moteurs électriques, les carburants durables (notamment ceux faits à partir d'huile de friture), ceux de synthèse comme le e-fuel ou encore l'hydrogène.
Si pour l'homme qui dirige la plus grande société d'aéroports de la planète, le long courrier devrait pencher vers le carburant durable et le court vers l'électrique, le moyen courrier pourrai être dans les prochaines décennies celui de l'hydrogène.