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Fashion Week : Pharrell Williams est-il le nouveau roi de Paris?

logo de Vanity Fair Vanity Fair 19.06.2023 20:24:35 Pierre Groppo
Sarah Andelman et Pharrell Williams

Pharrell Williams est-il en train de conquérir Paris? La réponse est unanime : c'est un grand oui. À la veille du défilé des collections hommes de Louis Vuitton, confiées au créateur touche-à-tout américain depuis le début de l'année, l'homme est également le héros invisible, mais pourtant bien présent, d'une exposition au sein de la galerie Perrotin de l'avenue Matignon, à Paris. Il y a quelques jours, c'est toujours à Paris qu'il fêtait l'exposition de l'artiste japonais Takashi Murakami à la galerie Gagosian, du côté du Bourget. Il faut dire que le génial touche-à-tout s'est déjà offert le Louvre, en déployant il y a quelques jours une immense bâche publicitaire où figure la nouvelle égérie de la maison de la rue du Pont Neuf : Rihanna, enceinte, entourée de sacs Speedy multicolores, devant laquelle Pharrell prend la pose en full look noir, et avec quelques indices qui pourraient en dire davantage sur la collection mode la plus attendue de la saison, voire de l'année toute entière.

Portant un perfecto sur un t-shirt blanc, sur lequel apparaissent quelques bijoux, Pharrell Williams est vêtu d'un pantalon noir au bas largement évasé, que l'on aperçoit également sur un autre post annonçant le défilé. Une pièce dont la silhouette immédiatement reconnaissable apparaît également sur le post où il annonce son premier défilé, en version denim à motif damier, l'une des signatures graphiques emblématiques de Louis Vuitton, inventée à l'origine pour éviter les contrefaçons. « Ma maison de Miami me manque, ma maison de Virginie aussi. Mais en ce moment, Paris est pour moi le centre de la Terre », explique-t-il dans un long article paru ce week-end dans le New York Times, où l'on apprend, entre autres, que c'est Alexandre Arnault qui lui a proposé le job en décembre dernier et que c'est le 14 février, jour de la Saint Valentin, que Pharrell Williams a signé son contrat avec le numéro un mondial du luxe, le premier à changer les codes de l'industrie en nommant Virgil Abloh (un proche de Pharrell) aux commandes des lignes masculines de Louis Vuitton en 2018 : il était alors le premier Afro-Américain, et le premier créateur noir, à occuper un poste de cette importante dans une entreprise de l'envergure de Louis Vuitton.

On apprend également que cette pare de flared jeans sera effectivement l'une des vedettes du show, placé sous le signe d'un mot jouant avec les initiales de Louis Vuitton : Lovers. Sur les rives de la Seine, un chantier sans précédent est en cours depuis quelques jours pour accueillir cet événement sans équivalent, auquel on accèdera uniquement par bateau. Alors que Louis Vuitton ouvre pour la première fois la Fashion Week Homme de Paris, l'horaire - 21h30, avec diffusion en live sur toutes les plateformes et réseaux sociaux imaginables - laisse envisager beaucoup plus qu'un défilé classique le soir même de l'édition 2023 de la Fête de la Musique. Et gageons que si un dîner privé réunit tard dans la nuit les amis de Pharrell, c'est à son ami le chef Jean Imbert qu'il a dû être confié.

Organisez un mega-show? Cela ne suffit pas à Pharrell Williams. Le 20 juin ouvrira également, à la galerie Perrotin de l'avenue Matignon, une exposition éphémère de pièces vendues aux enchères et uniquement en ligne par sa maison d'enchères Joopiter. « En créant cette maison de vente uniquement digitale, Pharrell a voulu changer la donne. Il est collectionneur lui-même, et s'adresse à une nouvelle génération de collectionneurs qui ne se retrouvent pas forcément dans les institutions plus traditionnelles», m'a expliqué Caitlin Donovan, à la tête des ventes de ce nouvel acteur après avoir fait ses armes dans l'univers des sacs à main et des sneakers chez Christie's.

Alors que nous parcourons les quatre étages de l'exposition, ainsi que le gift-shop où l'on peut s'offrir aussi bien un petit livre d'aphorismes de Pharrell Williams (dont une édition signée et numérotée limitée à trois cent exemplaires), ou un ballon de basket recouvert de strass à 15 000 dollars, la jeune femme poursuit : « Ce n'est pas à strictement parler une exposition sur Pharrell, contrairement à notre première vente où il avait dispersé une partie de ses archives. C'est plus une exploration de son univers, de ses amitiés, de ses collaborations », dit-elle alors que nous découvrons une étonnante série de portraits mi-Picasso, mi-Dubuffet, signés de l'artiste japonais Keiichi Tanaami (estimation : 18 000 à 25 000$ pièce), à côté d'une malle Rimowa remplie de 33 tours, dont un vinyle rarissime des Daft Punk, par Pedro Winter (5000-7000 $). C'est Sarah Andelman, une connaissance de Pharrell Williams de longue date, qui s'est transformée pour l'occasion en commissaire d'exposition. M'accueillant avec une bouteille d'eau (en verre), cette figure chérie de la mode depuis les années du concept-store Colette (où avait eu lieu une fameuse Pharrell Week) travaille depuis plusieurs mois à cet événement haut en couleurs, associant, comme elle-même et Pharrell l'ont toujours fait, pop culture et ultra luxe, ballons de footballs décorées par Mira Mikati et collier en diamants jaunes co-signés Pharrell Williams et la designer américaine Lorraine Schwartz. Ou encore cette paire de baskets que le créateur avait cosignée en 2017 avec Adidas et Chanel (5000-7000?).

« J'ai voulu regrouper à la fois des artistes avec qui Pharrell a collaboré, et notamment Francesco Ragazzi qui me l'avait présenté quand il travaillait chez Moncler. Mais cette exposition n'est pas juste une réunion d'amis : c'est plus une exploration de ses réseaux, de sa galaxie, dans laquelle j'ai introduit des nouvelles signatures, comme Pieter Ceizer, ou encore PitterPatter que j'ai découvert sur Instagram », poursuit Sarah Andelman alors que l'équipe s'affaire à finaliser l'installation. Baptisé Just Phriends, l'événement, à découvrir jusqu'au 24 juin, réunit aussi bien le peintre George Condo que le sculpteur Daniel Arsham et l'horloger Richard Mille ou encore le joaillier Tiffany, pour qui Pharrell Williams a imaginé, en plus de sa paire de lunettes serties de diamants, un pendentif zodiacal en or ( estimé entre 50 000 et 70 000$). Clou de la vente? Pour Caitlin Donovan comme pour Sarah Andelman, il s'agit de la pièce imaginée en 2008 avec Takashi Murakami, The Simple Things. « C'était la première fois qu'il s'exprimait de la sorte : l'oeuvre a été vendue, puis elle revenue sur le marché, et nous sommes très heureux de pouvoir la présenter ici », poursuit la curatrice de l'exposition. La pièce, imaginée à l'origine pour présenter une collection de bijoux, représente une drôle de créature à la gueule ouverte. On y trouve aujourd'hui une mini canette de Pepsi, un petit pot de ketchup et une petite basket, tout sertis de diamants en collaboration avec le joaillier new-yorkais Jacob.

Mais Pharrell n'allait pas s'arrêter là. S'exprimant longuement au sujet de son défilé imminent dans Women's Wear Daily, le quotidien américain de la mode, il est également revenu sur certaines réactions à sa nomination : « Je ne suis pas allé à la Central Saint Martin, mais je ne suis pas non plus allé à la Julliard School pour la musique, et, je veux dire, on a vu comment les choses se sont passées. C'est cool. Je comprends certaines observations. Mais Vivienne Westwood n'est pas allée (dans une école spécialisée) non plus, n'est-ce pas? (L'architecte) Tadao Ando est autodidacte. » Promettant un show comme on en a jamais vu, Pharrell Williams a également investi un troisième lieu parisien, normalement occupé par la boutique mode The Broken Arm, en plein coeur du Marais. Du 22 au 24 juin, on pourra y découvrir dans trois nouveaux modèles Samba, dans le cadre de la collaboration de sa marque Humanrace avec Adidas. En matière de mode, voici une solide vérité : Pharrell Williams ne s'arrête jamais.

lundi 19 juin 2023 23:24:35 Categories: Vanity Fair

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