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Santé, logement, fiscalité... Le gouvernement a identifié 10 milliards d'euros d'économies pour redresser ses comptes

logo de Challenges Challenges 19.06.2023 12:23:55 Challenges.fr
Bruno Le Maire et Gabriel Attal

Après avoir échappé de justesse aux fourches caudines de l'agence S&P Global, qui a maintenu la note de solvabilité française, le gouvernement entend réaffirmer son sérieux budgétaire et tourner la page des dispendieuses mesures de soutien du "quoi qu'il en coûte". Il organise lundi 19 juin des assises des finances publiques qui doivent mettre en exergue les milliards d'euros d'économies nécessaires pour permettre à la France de redresser des comptes dégradés par les crises successives d'ici à 2027.

"Nous avons identifié au moins 10 milliards d'euros d'économies", a annoncé lundi le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, lors de la conférence de presse d'ouverture des assises. Ces économies proviendront notamment des efforts sur la réduction des dépenses de santé, sur la fin de mesures dans le logement comme le dispositif Pinel et sur le verdissement de la fiscalité, avec la réduction progressive des dépenses fiscales sur le carburant, a détaillé Bruno Le Maire.

Organisées à Bercy à l'initiative du ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire et de son collègue chargé des Comptes publics Gabriel Attal, en présence de la Première ministre Elisabeth Borne, ces assises font suite aux revues annuelles des dépenses de l'Etat, des collectivités et des administrations sociales, lancées début 2023. Ce sera "l'occasion de présenter le résultat de ces travaux (...), les orientations et les pistes qui sont retenues par le gouvernement pour venir irriguer les prochains textes financiers", dont le projet de budget de 2024 présenté en septembre, a-t-on indiqué au cabinet de Bruno Le Maire.

L'enjeu: trouver des milliards d'économies qui contribueront à accélérer le redressement financier de la France, selon une trajectoire présentée en avril par le gouvernement. Après les aides massives déployées face aux crises sanitaire et énergétique, "il est temps de revenir à la normale. Mais cela ne veut pas dire l'austérité", a justifié M. Le Maire dans Le Journal du Dimanche début juin. Il s'agit de réduire à 108,3% du PIB en 2027 le lourd endettement du pays (contre 111,6% fin 2022), qui le range du côté des mauvais élèves européens, et de ramener sous l'objectif européen de 3% le déficit public (4,7% fin 2022).

Outre des discours ministériels, des tables rondes figurent au programme lundi avec une intervention de Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes qui rappelle régulièrement l'exécutif à l'ordre en matière de finances publiques. Les trois principales associations d'élus locaux, en désaccord avec l'analyse de la situation, ont décidé de bouder l'événement. Les présidents des associations des maires et des Régions de France, David Lisnard et Carole Delga, ont notamment dénoncé dimanche le "jeu de dupes" et "l'incohérence" de l'exécutif.

"Notre participation aurait été incohérente vis-à-vis des communes et des habitants, voire insincère. (...)", a expliqué au JDD.fr M. Lisnard, maire (LR) de Cannes. "Je ne voulais pas me prêter à ce jeu de dupes où chacun a trois minutes de temps de parole, avec des passages en revue inefficaces", a abondé dans le même entretien Mme Delga, présidente (PS) de la Région Occitanie. Bercy a toutefois assuré que la porte du dialogue restait "ouverte".

Pour revenir dans les clous, le gouvernement entend réduire la dépense publique à 53,5% du PIB en 2027, contre 57,5% en 2022. Il table sur la fin du bouclier énergétique, les gains des réformes comme celles des retraites ou de l'assurance-chômage, le plein-emploi ou encore une croissance de l'économie qu'il anticipe plus dynamique, après un coup de frein en 2023.

Ces mesures sont jugées d'autant plus nécessaires que l'environnement économique se durcit. Suspendues durant le Covid, les règles budgétaires européennes s'appliqueront à nouveau l'an prochain et la forte remontée des taux d'intérêt alourdit significativement la charge de la dette, qui pourrait devenir le premier poste de dépenses de l'Etat, dans un contexte de ralentissement de la croissance.

"Ce contexte économique (...) vient contraindre notre équation de finances publiques et augmente d'autant l'exigence (...) de réduction de dépenses", tout en préservant les secteurs jugés prioritaires de la transition énergétique, la santé et la défense, explique-t-on au cabinet de Bruno Le Maire.

Déjà, l'exécutif occupe le terrain sur le front des annonces. Chiffré à 2 milliards d'euros annuels, un coup de rabot est porté au soutien public pour le secteur immobilier, jugé inefficace et trop coûteux. L'exécutif a aussi gelé 1% supplémentaire des crédits du budget 2023 et demandé aux ministères de dégager 5% en 2024 notamment pour financer la transition énergétique. Il souhaite également supprimer des avantages fiscaux sur les énergies fossiles et évoque une réduction des aides à l'emploi.

Mais entre refus d'augmenter les impôts et tension sociale, avec le pouvoir d'achat au centre des préoccupations face à une inflation élevée, les marges de manoeuvre sont étroites, estiment des économistes. "On peut toujours trouver plein d'économies à faire", mais "politiquement et socialement, cela sera très difficile", souligne François Ecalle, président du site spécialisé Fipeco. Surtout après une douloureuse réforme des retraites et sans majorité absolue à l'Assemblée nationale. La récente promesse d'une réduction d'impôts de 2 milliards d'euros pour les classes moyennes et la nouvelle revalorisation du traitement des fonctionnaires témoignent de la difficulté de serrer la vis.

(avec agences)

lundi 19 juin 2023 15:23:55 Categories: Challenges

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