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«C'était comme une bombe qui explose» : à La Laigne, les habitants «traumatisés» par le séisme

logo de Le Figaro Le Figaro 18.06.2023 12:54:10

« J'étais dans ma voiture, j'allais partir quand j'ai vu ma maison se fissurer en live », témoigne Noémie, 26 ans. Installés à La Laigne, en Charente-Maritime, cette jeune femme et Nathan, son compagnon, comptent parmi les centaines de victimes d'un séisme survenu vendredi 16 juin, à 18h38, dans l'est du département et le sud des Deux-Sèvres. Une secousse d'une magnitude comprise entre 5,3 et 5,8 sur l'échelle de Richter, suivie depuis de plusieurs répliques de moindre intensité, ont ébranlé le secteur et précipité des familles entières à la rue.

« Ça n'a duré qu'une dizaine de secondes, mais c'était comme une bombe qui explose », assure Tony, un chef de chantier encore marqué par « les pleurs des enfants ». Chez lui, des plaques de plâtres sont tombées, des fissures de 12 centimètres sont apparues dans les murs. « J'ai dû arracher la porte de la maison pour en sortir », explique Tony, occupé à rassembler quelques affaires avant de s'installer chez des proches, avec femme et enfants.

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Ce quadragénaire et sa compagne ont acquis cette maison en 2020 avant de la rénover. Elle est désormais classée « noire », « inhabitable en raison des risques structurels », comme 70 autres bâtiments en Charente-Maritime, selon un dernier décompte de la préfecture qui évoque un total de 135 habitations publiques et privées endommagées et 171 personnes à reloger.

Proche de l'épicentre du séisme, le village de La Laigne - situé entre La Rochelle et Niort - concentre la majorité de ces sinistrés et des dommages. « Les gens sont traumatisés », confirme le maire, Philippe Pelletier. « Tempête, inondation, accident de la route... Notre nouveau plan de prévention des risques a tout prévu... sauf un tremblement de terre, se désole cet élu. Qui aurait pu l'imaginer ? » Totalement évacuée vendredi soir, la commune a découvert samedi une église et son école balafrées, fermées jusqu'à nouvel ordre. Yves venait, lui, de signer une promesse de vente. « C'était lundi dernier. Les gens n'achèteront jamais ça maintenant. Tout est cassé, c'est fini », estime ce retraité âgé de 69 ans.

À Cram-Chaban, une commune voisine, le tremblement de terre a également endommagé de nombreuses bâtisses. « Les plafonds sont prêts à s'écrouler, il y a des fissures partout. La maison est morte », résume, dépité, Jean-Philippe. Ce trentenaire et son père ont d'abord cru que leurs panneaux solaires avaient explosé avant de comprendre. « C'était comme une bombe... On a tout perdu », lâchent-ils.

Plus de 80 sapeurs-pompiers appuyés par des gendarmes ont été déployés dans ce secteur pour « mettre en sécurité » les bâtiments et analyser les risques potentiels d'effondrement. « J'ai l'impression qu'on s'en sort bien », estime Bastien, qui se trouvait dans sa cuisine lorsque la terre a tremblé. Classée « rouge », sa maison présente quelques fissures apparentes et des vitres cassées. « Elle a plus de 200 ans, mais on a refait la charpente et la toiture il y a 6 mois », détaille ce vingtenaire qui a acquis ce bien voilà un an à peine et craint désormais de tout perdre.

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D'autres, comme Leatizia, ont eu moins de chance. Le plancher de sa location, à l'étage, s'est affaissé. Des pierres sont tombées « à l'intérieur », sans parler des fissures, « partout ». Cette trentenaire et ses trois enfants avaient emménagé en décembre dernier, en provenance de Manosque (Alpes-de-Haute-Provence). Ils doivent partir, vite, la bâtisse risquant désormais de s'effondrer. « Je suis perdue... mon grand passe son bac jeudi », confie Leatizia qui sera logée chez des proches.

« Sous le choc », une jeune adulte ne trouve pas les mots pour s'exprimer face à ses meubles entassés dans la rue. Karine, sa mère, raconte l'enfer : « Elle et son compagnon ont acheté cette maison voilà 18 mois... Elle est classée noire et sera sûrement détruite. Ils étaient en train de la rénover... » Durant le séisme, un énorme aquarium s'est brisé. La jeune femme a paniqué : « La porte d'entrée était bloquée », témoigne Karine face à d'impressionnantes lézardes.

Une cellule d'urgence médico-psychologique pilotée par le SAMU s'est installée samedi après-midi à La Laigne. Les communes alentours et le département de la Charente-Maritime ont également proposé des solutions d'hébergement temporaires. Un gymnase a notamment été mis à disposition des familles à Courçon, à proximité de La Laigne. Ce tremblement de terre reste l'un des plus forts ressentis en France métropolitaine depuis ces vingt dernières années. Selon le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, « une procédure accélérée de reconnaissance de catastrophe naturelle » sera enclenchée rapidement.

dimanche 18 juin 2023 15:54:10 Categories: Le Figaro

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