«Votre secteur est secteur d'avenir», a assuré Emmanuel Macron, lors de sa visite chez le fabricant de moteurs Safran, ce vendredi 16 juin dans les Yvelines. Le Président a déclaré vouloir mettre 300 millions d'euros afin «d'inventer l'avion vert». «Il faut qu'on soit capable de créer 500 000 tonnes de carburants durables», notamment de l'hydrogène, a-t-il ajouté en annonçant l'installation d'une usine de biocarburants à Lacq (Pyrénées-Atlantiques).
En pleine «séquence réindustrialisation et souveraineté», les annonces du Président ne doivent rien au hasard. Elles interviennent à la vieille de l'édition 2023 du Salon aéronautique du Bourget, que le chef de l'Etat doit inaugurer lundi. Un timing idéal pour un coup de com sur le sujet crucial de la décarbonation de l'aviation, le Bourget restant le premier salon aéronautique au monde.
L'objectif pour Emmanuel Macron : accompagner les fleurons français comme Airbus, Safran, Thales et leurs nombreux sous-traitants à «inventer l'avion vert». Côté pile, l'industrie aéronautique compte plus de 4 000 entreprises et emploie 200 000 salariés sur le territoire est aujourd'hui le premier contributeur à la balance commerciale française (22,7 milliards d'euros). Côté face, Le secteur émet actuellement 3 % des émissions mondiales, sachant que ces émissions (de CO2 essentiellement) sont toujours en forte croissance avec l'essor du transport aérien que la parenthèse Covid n'a en rien enrayé.
Aujourd'hui, les moteurs peuvent en théorie incorporer jusqu'à 50 % de biocarburants, il s'agira bientôt de voler à l'hydrogène vert (dès 2035) ou au kérosène zéro émission (à l'horizon 2050). Actuellement, moins de 1 % du plein des avions provient de carburants verts, «l'objectif ambitieux de la France» étant de passer à 6 % en 2030, 20 % en 2035 et 75 % en 2050, aux dires de l'Elysée.
Pour financer cette transition de la filière aéronautique, l'Etat a déjà mis la main à la poche : crédit impôt recherche, prêts garantis accordés à plusieurs acteurs durant la crise sanitaire, le crédit d'impôt pour la compétitivité de l'emploi. A quoi s'ajoutent 9 milliards déjà promis pour développer la filière de l'hydrogène dans l'Hexagone dans le cadre du plan «France 2030».