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Inflation : la France commence à voir le bout du tunnel, selon l'Insee

logo de Liberation Liberation 15.06.2023 18:24:30 Anne-Sophie Lechevallier
Le pic aurait été passé en janvier cette année, avec un indice des prix à la consommation au-delà de 6% sur un an, et l'inflation devrait s'établir à 4,4% en décembre 2023 sur un an.

La fièvre de l'inflation devrait finir par retomber en cette année 2023. S'il n'est pas question que les prix baissent, ils devraient augmenter moins fortement. Le pic aurait été passé en janvier cette année, avec un indice des prix à la consommation au-delà de 6% sur un an, et l'inflation devrait s'établir à 4,4% en décembre 2023 sur un an. Ces prévisions, issues de la dernière note de conjoncture de l'Insee intitulée «l'inflation reflue, la croissance hésite», s'expliquent par le recul des prix de l'énergie et des matières premières alimentaires commencé l'an dernier. Mais attention, il ne s'agit pas de déclarer l'inflation vaincue. Julien Pouget, le chef du département de la conjoncture à l'Insee, insiste : «Même s'ils apparaissent en recul en glissement annuel, les prix continuent à progresser en niveau.» Ils sont d'ailleurs 15% plus élevés que leur niveau de 2019.

La situation devrait enfin s'apaiser sur les prix alimentaires. Ceux-ci enregistrent toujours des hausses inédites (15% et 14,3% constatés en avril et en mai sur un an), mais ils devraient eux aussi s'assagir. L'Insee prévoit une progression de 9,9% pour septembre sur un an et de 7,4% en décembre. Cette inflation de l'alimentation «résulte du renchérissement des matières premières agricoles et énergétiques qui s'est transmis tout au long de la chaîne de production et de consommation», indique Olivier Simon, le chef de la division synthèse conjoncturelle à l'Insee.

Mais ce n'est pas la seule cause. «En 2022, le renchérissement des intrants agricoles et énergétiques aurait expliqué 90% de la hausse des prix agricoles à la production, environ 70% de la hausse des prix de production des industries agro-alimentaires et environ 50% de la hausse des prix à la consommation des produits alimentaires hors frais», souligne l'Insee. Les marges des industries agroalimentaires ont aussi joué un rôle prépondérant. L'Insee calcule que leurs marges, après avoir été comprimées en 2021 jusqu'à se situer 10 points en deçà de leur niveau d'avant la pandémie, sont reparties en flèche ensuite pour dépasser ce niveau de 10 points ! «Ces marges ont continué de soutenir la dynamique des prix de production», constate Olivier Simon, qui anticipe que le «reflux des cours des matières premières devrait exercer une pression à la baisse sur les prix alimentaires, que le retournement des prix de production de ces industries introduirait un ralentissement des prix à la consommation». L'effet des renégociations commerciales entre distributeurs et fournisseurs s'avère, lui, ardu à anticiper.

Cette moindre progression des prix pourrait freiner l'effritement du pouvoir d'achat. Après avoir reculé au premier semestre, le pouvoir d'achat par unité de consommation se stabiliserait au second semestre, pour finir l'année sans avoir évolué par rapport à la fin de l'année 2022. L'accalmie devrait aussi permettre une légère amélioration de la consommation alimentaire, les ménages ayant jusqu'à présent serré leurs dépenses afin d'affronter l'inflation. Sur l'énergie, l'Insee observe une poursuite d'une consommation moindre, ce qui pourrait s'expliquer par la persistance des comportements de «sobriété» énergétique.

Dans le même temps, l'activité économique ralentit. Les difficultés d'approvisionnement s'atténuent nettement, mais la demande intérieure reste faible notamment à cause des resserrements monétaires décidés par la Banque centrale européenne (BCE). Les effets des hausses successives des taux directeurs par la BCE commencent à se faire sentir : «L'investissement des entreprises marquerait le pas, pénalisé par les hausses passées des taux d'intérêt, tandis que l'investissement des ménages continuerait de baisser», explique l'Insee dans sa note. Les créations d'emplois seraient également bien moins nombreuses, avec 175 000 créations nettes d'emploi prévues pour cette année contre 445 000 en 2022. Avec une population active qui augmente un peu, le taux de chômage devrait rester inchangé à 7,1% en fin d'année.

La France devrait donc échapper à la récession, avec une croissance du PIB jugée «modeste». Après un minuscule +0,1% anticipé au deuxième trimestre, l'Insee table sur le même chiffre au troisième trimestre et +0.2% au dernier. Après +2,5% en 2022, la croissance serait de 0,6% cette année, en moyenne annuelle. Une prévision similaire a été publiée par la Banque de France en mars. Pour l'instant, le gouvernement table, lui, sur 1%.

jeudi 15 juin 2023 21:24:30 Categories: Liberation

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