Liberation

Face aux chaleurs, le Royaume-Uni allume ses climatisations grâce à une centrale au charbon

logo de Liberation Liberation 14.06.2023 18:54:21 Hugo Ruaud
L'activation d'une centrale n'éloigne pas le Royaume-Uni de son objectif de se passer du charbon en 2024.

Brûler du charbon pour compenser les effets du dérèglement climatique. C'est le choix qui a été fait outre-Manche cette semaine face à la vague de chaleur précoce qui bouscule le mix électrique britannique. Depuis lundi, de Londres à Manchester, en passant par l'Ecosse où la barre des 30 °C a été franchie pour la première fois de l'année, les températures sont anormalement élevées. En quête de fraîcheur, les Britanniques font comme ils peuvent. Sur le littoral ils se baignent, à la campagne ils se mettent à l'ombre, et en ville ils se ruent sur la climatisation.

Cette dernière est tout sauf négligeable : d'après l'Agence internationale de l'énergie, elle représentait 20 % de la consommation d'électricité des bâtiments dans le monde, en 2018. Or cette semaine, la seule forme d'énergie capable de répondre à la hausse de la demande de l'électricité au Royaume-Uni est aussi la plus émettrice en CO2 : le charbon, avec plus de 800 grammes de CO2 au kWh. L'opérateur du réseau électrique britannique National Grid Eso a donc demandé à l'énergéticien Uniper d'activer une centrale à charbon.

La mesure était préventive, mais la centrale a bien été réactivée, fonctionnant durant un peu plus de vingt-quatre heures entre lundi et mardi. La part du charbon dans le mix électrique est restée marginale - moins de 1 % de l'électricité produite, mais cela n'éloigne pas le pays de son objectif de se passer définitivement du charbon en 2024.

Mais cela faisait quarante-six jours que le pays n'avait pas fait appel à cette forme d'énergie. Cette vague de chaleur sonne donc comme un avertissement pour le mix électrique britannique, visiblement pas encore prêt à faire face à des conditions comme celles de cette semaine - une vague de chaleur combinée à une absence de vent - pourtant amenées à devenir de plus en plus fréquentes dans les années qui viennent. La décision du National Grid Eso a d'ailleurs suscité des critiques de la part de l'ONG écologiste Greenpeace, pour laquelle il s'agit du «signe d'un échec» et qui témoigne du manque de vision des responsables politiques : «Si nos maisons étaient isolées correctement, nous resterions au frais l'été», sans que la climatisation soit nécessaire, juge l'ONG.

Cette première vague de chaleur rappelle l'été étouffant traversé par les Britanniques l'année dernière, lorsque des records de températures - au-dessus des 40 °C - ont été battus. La canicule qui a touché le pays a entraîné une surmortalité importante, tuant plus de 3 000 personnes selon la NHS. Si cette vague de chaleur précoce n'augure pas forcément le même été que l'an dernier, une étude récente montre que le Royaume-Uni a presque une chance sur deux de traverser un été caniculaire. De quoi rendre pérenne l'utilisation de la climatisation.

mercredi 14 juin 2023 21:54:21 Categories: Liberation

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