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Hausse des températures de l'air et des océans, fonte de la banquise : 2023, le printemps des tristes records en graphiques

logo de Liberation Liberation 13.06.2023 19:53:59 Margaux Lacroux, Alice Clair

2023 donne déjà des sueurs froides alors même qu'El Niño, réchauffement naturel et périodique des eaux du Pacifique tropical ayant des effets sur la planète entière, commence à peine à émerger. Année après année, les océans se réchauffent sous l'effet du changement climatique induit par les activités humaines. Mais, depuis trois mois, la température moyenne de leur surface s'envole. Des records ont commencé à être battus en série à partir de la mi-mars, période de l'année où les eaux sont les plus chaudes sur la planète. La barre des 21°C a été franchie pour la première fois depuis le début des relevés de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (en 1981) et le thermomètre a continué à grimper jusqu'à atteindre un pic à21,1°C début avril, un niveau inédit. Certes, cela ne représente qu'un petit dixième de plus que le précédent record enregistré en 2016, mais il s'agit d'une progression stratosphérique à l'échelle des océans, ces régulateurs du climat.

Après ce pic, la courbe est redescendue mais la température reste élevée, avec des records de saison battus jour après jour. Début juin, une hausse rapide s'est même à nouveau amorcée. En cause notamment, le réchauffement anormal de l'Atlantique, qui n'a jamais été aussi chaud aussi tôt dans l'année. Actuellement, la zone propice au développement des ouragans, située entre Cuba et les côtes de l'Afrique de l'Ouest, a une température moyenne de 28°C, un niveau jamais atteint en juin. La température de l'eau étant le moteur de ces phénomènes extrêmes, la saison qui s'annonce (juin-novembre) pourrait être intense dans ce secteur. Plus globalement, de multiples vagues de chaleur marines sévissent actuellement dans le monde. La chaleur anormale gagne même les côtes françaises : le golfe de Gascogne et la Méditerranée, avec une température 3°C à 5°C au-dessus des normales.

La température de l'air décolle elle aussi. Depuis janvier, celle-ci était en bonne place pour placer 2023 parmi le peloton des années les plus chaudes jamais enregistrées sur la planète. Au début du mois, la courbe a atteint un pic à 16,7°C le 9 juin, soit une anomalie de 0,9°C qui a pulvérisé le précédent record à cette date, établi en 2022. Depuis, la tendance est à la baisse mais reste bien au-dessus des normales.

Autre conséquence de la hausse des températures : l'étendue combinée des banquises de l'Arctique et de l'Antarctique n'a jamais été aussi faible pour un mois de juin, bien au-dessous du précédent record établi en 2019. Les surfaces, censées augmenter rapidement à cette période de l'année, sont en pleine stagnation. L'anomalie est particulièrement forte dans l'Antarctique, où l'année 2023 promet d'être historique. Mi-février, le niveau le plus bas jamais enregistré a été atteint, et, en cette première moitié de juin, il manque plus 2 millions de kilomètres carrés de banquise par rapport à la normale, un écart abyssal. «Longtemps, les signaux reçus de l'Antarctique n'étaient pas clairs, expliquait récemment la glaciologue Heïdi Sevestre à Libération. Jusqu'en 2015, la superficie de la banquise augmentait sans qu'on comprenne bien pourquoi. Mais on assiste aujourd'hui à une réaction très forte de la banquise, avec des minimums jamais vus sur des décennies d'observation.» Les effets du réchauffement se font ressentir dans l'Arctique depuis plus longtemps, au point que la mer dans cette zone devrait être totalement libre de glace en été dès 2030, soit dix ans plus tôt que prévu.

mardi 13 juin 2023 22:53:59 Categories: Liberation

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