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Fonds Marianne : Gravel, Sifaoui. La justice perquisitionne plusieurs acteurs clés du dossier

logo de Paris Match Paris Match 13.06.2023 16:53:58 Paris Match
La perquisition au domicile de Mohamed Sifaoui s'est achevée vers midi.

Le journaliste et ancien dirigeant de la principale association ayant reçu des fonds pour lutter contre le séparatisme, tout comme le préfet Christian Gravel, sont visés par une perquisition de la police ce mardi 13 juin.

L'enquête judiciaire visant la gestion controversée du fonds Marianne de lutte contre le « séparatisme » est venue percuter les travaux de la commission d'enquête du Sénat avec des perquisitions ce mardi 13 juin aux domiciles de plusieurs protagonistes clés du dossier.

Mohamed Sifaoui, coresponsable de la principale association bénéficiaire du fonds, était attendu mardi à 9 heures devant les sénateurs mais, coup de théâtre à l'ouverture des débats, « il s'avère, que depuis 6 heures du matin, une perquisition est en cours à son domicile », l'empêchant de pouvoir honorer ce rendez-vous, a déclaré Claude Raynal, président de cette commission d'enquête, lisant un message de l'avocat du journaliste.

Des sources judiciaires et proches du dossier ont confirmé cette perquisition et celle du domicile de l'autre responsable de l'association, Cyril Karunagaran. Mohamed Sifaoui et Cyril Karunagaran étaient les deux porteurs du projet de l'Union des sociétés d'éducation physique et de préparation militaire (USEPPM), association lauréate qui devait recevoir la plus grosse somme de ce fonds (355 000 euros). Le siège parisien de cette association était lui aussi visé par une perquisition, selon une source proche du dossier à l'AFP.

La perquisition au domicile de Mohamed Sifaoui s'est achevée vers midi. Il est convoqué mercredi devant les enquêteurs financiers de l'Oclciff pour une audition libre, a indiqué son avocat Me Bernard Benaiem, confirmant une information de M6. « Il est important qu'il puisse être auditionné rapidement et démontrer comme il l'a toujours dit qu'il n'avait rien à se reprocher dans cette affaire », a ajouté Me Benaiem, rappelant « le combat contre l'islam politique depuis trente ans » de son client. Son audition devant les sénateurs a été reportée au lendemain, jeudi. La commission d'enquête sénatoriale entend depuis la mi-mai plusieurs protagonistes de cette affaire.

Une perquisition a également eu lieu au domicile de Christian Gravel, l'ancien patron démissionnaire de la structure gestionnaire du Fonds Marianne au ministère de l'Intérieur, selon des sources judiciaires et proches du dossier. Enfin selon ces mêmes sources, une autre a eu lieu au domicile d'Ahlam Menouni, la présidente de Reconstruire le Commun, deuxième association lauréate (330 000 euros).

Ces perquisitions interviennent dans l'enquête menée par un juge d'instruction et ouverte le 4 mai « des chefs de détournement de fonds publics, détournement de fonds publics par négligence, abus de confiance et prise illégale d'intérêts relative à la gestion du fonds Marianne », a précisé la source judiciaire à l'AFP.

Lancé le 20 avril 2021 par Marlène Schiappa, alors ministre déléguée à la Citoyenneté, après le choc causé par l'assassinat du professeur Samuel Paty, ce fonds, initialement doté de 2,5 millions d'euros, visait à financer des associations promouvant les valeurs de la République pour lutter contre le « séparatisme » et l'islam radical sur les réseaux sociaux. Christian Gravel, ex-patron du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a démissionné il y a une semaine, après la publication d'un rapport accablant de l'Inspection générale de l'administration (IGA), dénonçant, entre autres, le « traitement privilégié » par le CIPDR de l'USEPPM.

Christian Gravel, ex-patron du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), a démissionné il y a une semaine, après la publication d'un rapport accablant de l'Inspection générale de l'administration (IGA), dénonçant, entre autres, le « traitement privilégié » par le CIPDR de l'USEPPM. L'IGA a également dénoncé de nombreux « manquements » de l'association, à la fois dans le processus de candidature, puis dans l'utilisation des fonds. Elle a relevé de graves « irrégularités », comme « des doublements de salaires pour les deux porteurs du projet USEPPM », avec in fine un résultat bien décevant en termes de contenus : 451 communications sur différents comptes, 8 articles sur un site internet.

L'association Reconstruire le commun est aussi dans le collimateur : choisie alors qu'elle n'avait initialement pas d'activité connue, elle a produit plusieurs contenus à caractère politique dénigrant certaines personnalités de gauche, en pleine campagne présidentielle 2022. Ni Marlène Schiappa, actuelle secrétaire d'État à l'Économie sociale et solidaire, ni son ancien directeur de cabinet Sébastien Jallet n'étaient concernés mardi par les perquisitions.

Marlène Schiappa, entendue mercredi matin par la commission d'enquête, devra clarifier son rôle dans le processus de sélection des 17 associations lauréates. La semaine dernière, Sébastien Jallet a affirmé que la ministre était intervenue pour écarter une association pourtant validée par le comité de sélection, sans révéler son nom. Il s'agit de SOS Racisme, selon son président Dominique Sopo, qui avait présenté une demande de subvention de 100 000 euros.

mardi 13 juin 2023 19:53:58 Categories: Paris Match

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