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En Ardèche, Macron revient sur le front de la souveraineté sanitaire

logo de Challenges Challenges 13.06.2023 12:23:47 Isabelle de Foucaud
Emmanuel Macron

C'est le top départ d'une grosse séquence au chevet de l'outil industriel tricolore pour Emmanuel Macron. Entamant une série de déplacements sur le thème de la souveraineté, qui le conduira aussi au salon VivaTech puis à celui du Bourget, le président de la République se rendra, ce mardi 13 juin, sur le site du laboratoire pharmaceutique familial Aguettant à Champagne, en Ardèche. Il fera un point sur la stratégie de "reconquête sanitaire" qu'il a engagée en juin 2020 et sur les pistes d'accélération. En particulier sur le front de la relocalisation de la production de médicaments essentiels sur le sol français afin de lutter contre les pénuries.

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Il faut dire que depuis l'annonce du projet de relocalisation du paracétamol dans l'usine iséroise du groupe Seqens il y a trois ans, en pleine crise de Covid-19, la situation ne s'est guère détendue dans les rayons des pharmacies et les hôpitaux. Loin s'en faut : près de 3.000 molécules, au-delà des cas très médiatisés de l'amoxicilline et du paracétamol, ont fait face à des ruptures ou des risques de rupture cet hiver. "C'est un phénomène qui s'accélère et qui s'est multiplié par deux entre 2019 et 2022", reconnaît-on à l'Elysée où l'on juge certains cas "très préoccupants". Le mois dernier encore, les sociétés européennes de pédiatrie (notamment en France, Allemagne et Italie) alertaient, dans un courrier adressé aux différents ministres de la Santé des Etats membres, sur les dangers encourus par les enfants et adolescents à cause de ces pénuries.

Le choix du groupe Aguettant pour cette visite, durant laquelle Emmanuel Macron prononcera un discours, n'est pas un hasard. Cette entreprise familiale centenaire, qui pèse près de 100 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie quelque 800 salariés sur trois sites principaux (dont deux à Lyon, de R&D et de logistique, et celui en Ardèche), est spécialisée dans les produits injectables en anesthésie-réanimation, urologie ou neurologie. Elle aussi, durant la crise sanitaire, a subi un certain nombre de difficultés d'approvisionnement. Et l'Etat s'est engagé à financer, à hauteur de 25 millions d'euros via le plan France Relance, ses projets d'augmentation de production et d'agrandissement de sa plateforme logistique d'un coût total de 45 millions. Un endroit fortement symbolique, donc, pour que le chef de l'Etat évoque le sujet de la dépendance pharmaceutique de la France et des ruptures de stocks de médicaments.

Les produits dits matures, ces traitements devenus des commodités dont la rentabilité diminue à mesure que des nouveaux médicaments et des versions génériques arrivent sur le marché, sont particulièrement vulnérables, car 60 à 80% des principes actifs sont produits à l'étranger, notamment en Chine, rappelle-t-on dans l'entourage du président. Mais les produits innovants ne sont pas épargnés, en particulier les biomédicaments pour lesquels la France dépend à 95% à peu près de l'étranger. "Ces ruptures ne s'expliquent pas uniquement par des raisons industrielles. Elles s'expliquent aussi par une surconsommation française, qui est plus importante que dans d'autres pays en termes de volumes", tient-on à souligner à l'Elysée. Le 7 juin, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a d'ailleurs lancé une campagne sur le bon usage des médicaments pour sensibiliser les Français sur les risques liés à l'automédication, ou au fait de modifier par soi-même les doses prescrites ou la durée d'un traitement.

Toujours est-il que, concernant la relocalisation industrielle, plusieurs questions restent à trancher. En premier lieu, quels traitements vont revenir en priorité sur le sol national ? D'après le JDD, Emmanuel Macron devrait annoncer lors de sa visite ardéchoise l'ouverture d'une capacité de production de quatre principes actifs en Ile-de-France par Seqens. "Evidemment, il ne s'agit pas de se lancer dans la relocalisation de tous les produits, de tous les médicaments qui existent", répond-on côté présidentiel, où l'on plaide pour une stratégie "organisée" et "méthodique". Très attendue, une liste de médicaments essentiels ou critiques doit être publiée.

Amoxicilline, paracétamol, anti-inflammatoires, insuline. Le ministre de la Santé François Braun a annoncé, le 10 mai dernier, sur CNews qu'une première liste de 280 produits, sur laquelle ses équipes, entre autres, planchaient depuis fin février, venait d'être bouclée et pouvait encore être ajustée. Le suspense reste donc entier sur cette liste et ce sera, sans nul doute, l'une des annonces les plus scrutées du président de la République. S'il en précise effectivement le contenu et le calendrier.

mardi 13 juin 2023 15:23:47 Categories: Challenges

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