La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a assuré mardi n'avoir reçu «aucune pression» de l'Elysée pour torpiller la proposition de loi visant à abroger la retraite à 64 ans, et a reconnu que la majorité «aurait pu faire mieux» pour trouver un compromis social et politique. «Nous sommes dans un régime de séparation des pouvoirs et heureusement que la présidente de l'Assemblée nationale que je suis ne reçoit aucune pression de l'exécutif», a-t-elle déclaré sur RTL.
Si la présidente de l'Assemblée nationale en est venue à faire une telle mise au point, c'est que ces derniers jours, elle est devenue la principale cible des oppositions. La raison ? Son choix de déclarer irrecevable un amendement visant à rétablir l'article abrogeant le départ de l'âge légal à 64 dans une proposition de loi du groupe Liot au nom de l'article 40 de la Constitution. Celui-là même qui interdit à tout parlementaire de créer une dépense à l'Etat qui ne serait pas gagée. «Cette décision est un grave précédent», a grincé lundi 12 juin la députée socialiste Valérie Rabault en portant une motion de censure de la Nupes, une nouvelle fois rejetée. Dans son discours, l'élue du Tarn-et-Garonne rappelait : «Pour la première dans l'histoire de la Ve République, des amendements reprenant une disposition par deux fois déclarée recevable par l'Assemblée nationale, une première fois par son bureau, un deuxième fois par le président de sa commission des finances, n'ont pu être mis en discussion dans l'hémicycle.»
Pour les oppositions, les choses sont claires : si Yaël Braun-Pivet a finalement décidé d'enclencher cet article 40 qui a contraint le groupe Liot à retirer sa proposition de loi, c'est qu'elle a subi des pressions d'Emmanuel Macron. Lundi, dans l'hémicycle, le député LFI Louis Boyard l'a taxée d'«agente de l'Elysée». «Je crois que depuis un an j'ai prouvé que j'étais une femme indépendante, libre, et surtout consciente de la lourdeur de ma tâche. La ligne de crête n'est pas facile à trouver mais je la prends depuis un an», a-t-elle insisté.
Sur RTL, Yaël Braun-Pivet a par ailleurs reconnu «qu'assurément» sur la réforme des retraites, «le chemin qui a été suivi n'est pas le plus satisfaisant». «On aurait pu faire mieux», a-t-elle ajouté. «Personne ne peut se satisfaire que le dialogue social dans notre pays n'ait pas réussi sur ce point et nous en sommes tous responsables : les syndicats, les forces politiques et la société civile.»