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Retraites : le baroud d'honneur de la Nupes à l'Assemblée nationale

logo de L'Obs L'Obs 13.06.2023 06:23:59 Maxence Daguier

Les débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale se sont achevés, cet après-midi, comme ils ont commencé : dans le bruit. Vers 16 heures, c'est la socialiste Valérie Rabault, vice-présidente de l'Assemblée, qui donne le coup d'envoi des débats autour de la motion de censure déposée par la Nupes. Elle commence par accuser le gouvernement de « jeter le discrédit » sur l'Assemblée nationale. Et dénonce le traitement d'Eric Coquerel, le président (LFI) de la commission des Finances, qui avait jugé la proposition de loi du groupe Liot - Liberté, indépendance, outre-mer et territoires - visant à abroger la réforme des retraites comme recevable et s'était attiré les foudres du gouvernement.

L'hémicycle est peu rempli. Les élus Républicains (LR) sont aux abonnés absents. « Notre famille politique n'apportera pas sa voix à ce baroud d'honneur, lance le député LR de Seine-et-Marne Jean-Louis Thiériot. Il faut savoir terminer une contestation. » Des députés qui avaient soutenu la précédente motion de censure ne sont pas présents non plus : c'est le cas d'Aurélien Pradié, pour qui elle est cette fois-ci « déconnectée du sujet, de la réforme des retraites ». C'est aussi le cas d'une grande partie du groupe Liot, pourtant à l'origine de la motion de censure précédente en mars, qui avait échoué à neuf voix près.

Mais cela n'empêche l'ambiance de chauffer dans l'hémicycle. « Je n'ai pas de leçons à recevoir de la majorité », lance dans un accès de colère habituel, le député LFI Louis Boyard, alors que la Première ministre Elisabeth Borne est à la tribune. La présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet annonce un rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal.

La Première ministre n'entend pas baisser la voix. « Moi, je ne confonds pas le courage et les décibels » lance-t-elle, se tournant vers la Nupes avant que sa voix ne soit recouverte d'un brouhaha. Elle renchérit et fustige les « incohérences », les « contradictions » et la « démagogie » de la gauche.

« Nul comme dernier discours », « à bas la mauvaise République », entend-on des bancs de la Nupes. Mais aussi un « punchline à deux balles » venant des rangs du Rassemblement national. C'est l'une des rares fois où les élus d'extrême droite portent la voix. Une nouvelle fois, assez discrets dans l'hémicycle, Marine Le Pen et Sébastien Chenu quittent même leurs sièges au moment où Elisabeth Borne achève son discours. Pourtant, les députés RN votent bien la motion de censure de la Nupes, comme ils l'avaient déjà fait.

S'enchaînent ensuite plusieurs prises de parole des oppositions. Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste, assure que « les députés Nupes abrogeront la réforme et supprimeront le 49.3 » quand ils arriveront au pouvoir. C'est Marine Le Pen qui « abrogera cette réforme en 2027 », l'interrompt Julie Lechanteux, députée RN. En attendant les prochaines élections, Bertrand Pancher qui préside le groupe Liot appelle la Première ministre à « prendre les responsabilités » et l'invite à « démissionner ». Pour l'Insoumise Mathilde Panot, elle ne doit son salut qu'aux Républicains : « Les LR, vous vous sauvez, mais ce n'est que partie remise. »

De son côté, le premier secrétaire du PS, Olivier Faure, reste muet, le nez dans son bloc-notes, à dessiner. Des portraits trop durs à identifier depuis la tribune de presse. Serait-il en train d'imaginer à quoi ressemblerait le nouveau gouvernement ?

En attendant le résultat du vote de la motion, dans la salle des Quatre colonnes, Manuel Bompard, le coordinateur de La France Insoumise, est l'un des premiers députés Nupes à passer devant les micros et les caméras. Et pour lui, pas question de se résigner. Si celle-ci ne passe pas, « on fera une 18e motion de censure, peut-être une 19e, une 20e et tôt ou tard, le gouvernement tombera » lance l'Insoumis. Quelques minutes plus tard, le résultat tombe. L'Assemblée nationale rejette la motion de censure avec seulement 239 voix pour. Très loin des 289 nécessaires pour faire tomber le gouvernement.

Pour le questeur de l'Assemblée nationale, Eric Woerth, « la page des retraites est largement tournée », même s'il admet qu'elle « laissera des traces ». Le député socialiste Boris Vallaud lui emboîte le pas. S'il « regrette que Liot ne soit pas au rendez-vous » sur ce vote, il assure que lui et ses collègues d'opposition « continueront à combattre » la réforme des retraites, évoquant plusieurs moyens : le référendum d'initiative partagé, les niches parlementaires des groupes d'opposition ou encore « les échéances politiques à venir ».

Mais en coulisses, tous ne sont pas du même avis. Cette motion de censure est « la dernière pour clore la séquence retraites, confie le député EELV-Nupes Aurélien Taché. Maintenant, next, il ne faut pas faire une proposition de loi sur les retraites dans chaque niche parlementaire mais changer de sujets ». Il évoque la question urgente du logement, de l'éducation ou encore de l'eau.

mardi 13 juin 2023 09:23:59 Categories: L'Obs

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