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Comment Tavares veut faire de Maserati le Porsche de Stellantis

logo de Challenges Challenges 12.06.2023 17:24:00 Alain-Gabriel Verdevoye
Maserati GT Folgore

La révolution Maserati. Pensez: une marque qui a toujours cultivé l'extrême sportivité de ses voitures, la musicalité de ses puissants moteurs, lance cet été la GT Folgore  (foudre en français) électrique! Fini le fameux moteur Nettuno six cylindres en V? Non, car la version à essence du sculptural coupé lancé en début d'année continuera  avec son moteur à essence bi-turbo de 3 000 cm3  en deux versions: 490 chevaux sur la Modena ou 550 sur le modèle Trofeo. Mais il se dédoublera dans une version zéro émission. encore plus puissante de 761 chevaux avec batterie de pointe de 800 volts, dont les cellules sont fournies par le coréen LG Chem.

"Entre 2016 et 2018, nous avons eu plusieurs discussions internes pour savoir s'il fallait faire ou non une GT électrique", explique à Challenges Davide Danesin, ingénieur en chef du projet. Le développement aura duré cinq ans. "Une fois la décision prise, l'idée était de faire une voiture électrique qui procure le même plaisir de conduite que la version thermique, malgré un poids de 2.240 kilos, contre 1.790". Tout en développant les économies d'échelle: "seules 25% des pièces de la plate-forme sont spécifiques à la version électrique", assure Davide Danesin.

Le constructeur de Modène prévoit d'écouler 40% de ses GT en déclinaison électrique. Le prix de la Folgore n'est pas fixé. La version thermique est disponible à partir de 225.650 euros. Toute une gamme électrique sera développée à partir des modèles emblématiques de la firme au fameux trident de Neptune: le SUV Grecale en fin d'année, la berlinette MC20 l'an prochain, la GT cabriolet, puis la limousine Quattroporte en 2025, qui n'aura plus de version à essence, le gros SUV Levante en 2026-2027. "Avec l'électrique, on va toucher une clientèle plus jeune, féminine et progresser en Europe du nord", affirme le directeur commercial Bernard Loire, dont les Etats-Unis sont le premier débouché.

La marque n'a vendu que 26.000 voitures l'an dernier. Loin des 48.700 de l'année record 2017. Mais, le lancement de la nouvelle GT et du SUV Ghibli ont permis "une hausse de 40% des ventes sur les cinq premiers mois". L'objectif n'est pas la course aux volumes  "Nous ne sommes pas une marque à 100.000 voitures", argue Bernard Loire. Et ce, d'autant moins que la stratégie est de devenir "une marque encore plus luxueuse qu'aujourd'hui", insiste cet ancien de Nissan.

Carlos Tavares, directeur général de Stellantis dont Maserati est le label le plus huppé, confie: "a réalisé une marge de 8,7% l'an dernier, vise 10% ou plus cette année, 20% dans deux-trois ans". Encore mieux que Porsche! Avant la pandémie de Covid-19, la marque qui était encore une filiale à 100% de FCA (Fiat Chrysler) n'avait-elle pas affiché, au premier semestre 2019, une marge déficitaire de 13,3%?  Un contre-record, alors, dans l'industrie automobile.

Créé en 1914 à Bologne par Alfieri Maserati, le label est incontestablement une marque de passionnés à l'histoire aussi brillante que chaotique. Avec des carrosseries à couper le souffle, des habitacles dont le raffinement est typiquement italien et. des moteurs aux vocalises envoûtantes. C'est (presque) l'équivalent de sa rivale de Maranello, Ferrari! Avec un peu moins de performances, davantage de luxe. En 1926, Alfieri et son frère Ettore décidèrent de construire leurs propres voitures de course.

C'est à cette date qu'est véritablement lancée la firme, qui connaîtra son heure de gloire avec les victoires en course du pilote argentin Juan Manuel Fangio dans les années 1950. En 1968, le constructeur des superbes Mistral et Ghibli - concurrentes des Ferrari et Aston Martin de l'époque - finit par passer sous le contrôle de. Citroën, à qui il fournira le beau (et fragile) moteur six cylindres de la SM. Trois Maserati partagèrent du coup des composants avec ladite SM. Il s'agira des Bora, Merak et Khamsin. Aussi sculpturales que peu fiables.

Au milieu des années 1970, Citroën, lui-même exsangue, l'abandonne. Le label transalpin vivote alors, passant une première fois sous le contrôle de Chrysler, avant que Fiat ne reprenne son destin en mains en 1987, puis l'intègre dix ans plus tard avec son rival historique Ferrari dans une seule entité. La firme est finalement regroupée en 2006 avec Alfa Romeo. Puis, avec la fusion Fiat-Chrysler en 2014, Maserati se retrouve au sein de FCA. Enfin, en janvier 2021, le constructeur devient une des quatorze marques de Stellantis.

(Reportage à Modène)

lundi 12 juin 2023 20:24:00 Categories: Challenges

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