leJDD

« Le Kosovo, c'est le cour de la Serbie » : comment Djokovic attire l'attention sur les tensions dans son pays

logo de leJDD leJDD 30.05.2023 19:32:50 leJDD
Novak Djokovic lundi à Roland-Garros.

Les faits. « Le Kosovo, c'est le cour de la Serbie ! Stop à la violence. » Lundi, alors qu'il venait de remporter son match au tournoi de Roland-Garros, le tennisman serbe Novak Djokovic a écrit ces mots en cyrillique sur la caméra, à la place de la traditionnelle signature du vainqueur. Ses propos font écho au regain de tensions entre les deux pays depuis vendredi, où des heurts ont eu lieu au Nord du Kosovo entre la force multinationale de l'Otan (KFOR) et des manifestants serbes.  

« En tant que fils d'un homme né au Kosovo, je sens une responsabilité additionnelle à donner mon soutien à notre peuple et à toute la Serbie », a-t-il précisé en conférence de presse.

Une prise de position qui expose d'ailleurs le sportif à des poursuites car la charte éthique de la Fédération française de tennis, qui organise le tournoi, prévoit que « tous les acteurs du tennis doivent considérer comme un devoir moral le refus de toute forme de violence et de tricherie », citant à « titre non exhaustif » les opinions religieuses ou politiques.

« Si on me donne une amende ou quelque chose du même genre, je n'aurais aucun regret et je le referais parce que ma position là-dessus est très claire. Je suis contre la guerre, contre la violence, contre toute sorte de conflit et je l'ai toujours exprimé publiquement », a ajouté le joueur.

Des affrontements. Lundi, de violents heurts ont éclaté entre des manifestants serbes et la police kosovare, ainsi que des soldats de la force multinationale de l'Otan déployée au Kosovo (Kfor) qui s'étaient interposés. Les échanges de gaz lacrymogène, puis de projectiles et de cocktails Molotov ont fait une trentaine de blessés côté Kfor, des soldats italiens et hongrois, et une cinquantaine du côté des protestataires serbes.

À l'origine de ces tensions, des élections municipales organisées dans quatre municipalités du nord du Kosovo et boycottées par les Serbes, à l'appel d'un parti proche de Belgrade, la Srpska lista. Quatre maires albanais avaient été élus après une participation de 3,5 %.

La prise de fonction vendredi dernier de ces quatre élus, accompagnés par les forces de l'ordre, a envenimé la situation, alors que des manifestants serbes s'étaient rassemblés devant les mairies pour exiger le départ des élus et des forces de police kosovares.

Des tensions régulières. Ce regain de tension est un nouvel épisode dans les relations explosives entre Pristina et Belgrade. Le Kosovo, ancienne province serbe, a déclaré son indépendance en 2008, mais cette dernière n'a jamais été reconnue par la Serbie, ni par une partie de la communauté internationale à l'instar de la Russie et de la Chine et d'une partie de l'Union européenne.

Entre les deux entités, chaque évènement se transforme en sujet sensible. Le Kosovo avait, par exemple, interdit aux Serbes vivant dans son territoire d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par Belgrade, sous peine d'amende. En représailles, des centaines de policiers serbes, des fonctionnaires, des procureurs et des juges avaient quitté leurs fonctions. La décision avait finalement été suspendue après des négociations. 

 Le Kosovo est notre lieu de naissance, le cour de tous les moments historiques de notre pays 

Le Kosovo n'est pas membre de l'ONU, même s'il a été admis dans d'autres organismes internationaux tels que le CIO ou le FMI. Environ 120 000 Serbes vivent au Kosovo, sur 1,8 millions d'habitants, dont un tiers dans le Nord du pays. Dans ces zones, proches de la frontière, la minorité est fidèle à Belgrade et le revendique, en utilisant par exemple la monnaie serbe. Elle refuse aussi de payer l'eau, l'électricité ou les impôts. Difficile dès lors de construire un État unique, chaque partage de compétences devenant un défi.

Les Kosovars albanais craignent la création d'un gouvernement parallèle contrôlé par Belgrade, tandis que la minorité Serbe refuse de reconnaître la souveraineté de Pristina, car cela équivaudrait à reconnaître l'indépendance. Or le Kosovo est considéré comme le berceau national et religieux de la Serbie. « Le Kosovo est notre lieu de naissance, le cour de tous les moments historiques de notre pays. La plus grande bataille a eu lieu ici, les monastères et les églises les plus importants sont ici », a d'ailleurs déclaré Novak Djokovic lors de la conférence de presse après sa déclaration.

Pourquoi c'est important. Dans le contexte de la guerre en Ukraine, l'Union européenne veut éviter à tout prix un nouveau conflit en Europe. Et ces heurts laissent présager le pire, alors que l'Otan a annoncé l'envoi de forces supplémentaires. Josep Borrell, chef de la diplomatie, a appelé les Serbes et les Kosovars à « désamorcer les tensions immédiatement et sans conditions » après des entretiens entre le Premier ministre du Kosovo, Albin Kurti, et le président serbe, Alexander Vucic. Et d'ajouter que ces violences sont « totalement inacceptables et conduisent à une situation très dangereuse ».

En 2011, Bruxelles avait annoncé que les deux camps étaient parvenus à un accord pour normaliser leurs relations, mais le texte n'avait été signé ni par la Serbie, ni par le Kosovo.

De son côté, Moscou, alliée de Belgrade, a appelé l'Occident à mettre fin à sa « propagande mensongère » et à arrêter de « rejeter la responsabilité des incidents au Kosovo sur les Serbes poussés au désespoir qui cherchent de manière pacifique (...) à défendre leurs droits et libertés légitimes », qualifiant les élections d'avril de « truquées ». La Russie plaide pour une « communauté des municipalités serbes », ce que prévoyait un accord datant de 2013, finalement abandonné faute d'une entente sur les compétences de chacun.

Population : 1, 9 million d'habitants, 148e rang.

Économie : 147e selon les données du Fonds monétaire international de 2018.

Capitale : Pristina.

Régime politique : Régime parlementaire. Le Kosovo a proclamé son indépendance par rapport à la Serbie en 2008. Il n'est reconnu que par 92 États et n'a pas de place au sein de l'ONU.

Premier ministre : Albin Kurti, du parti de gauche « Autodétermination » (Vetëvendosje! en albanais).  

Liberté de la presse :  56e sur 180e selon le classement de Reporters sans frontières (RSF).

mardi 30 mai 2023 22:32:50 Categories: leJDD

ShareButton
ShareButton
ShareButton
  • RSS

Suomi sisu kantaa
NorpaNet Beta 1.1.0.18818 - Firebird 5.0 LI-V6.3.2.1497

TetraSys Oy.

TetraSys Oy.