Vanity Fair

Josh O'Connor: «Il y a une subtilité de tous les instants dans les films d'Alice Rohrwacher»

logo de Vanity Fair Vanity Fair 27.05.2023 19:32:34 Kahina Sekkai
Alice Rohrwacher, en Prada, au Festival de Cannes 2023. Saskia Lawaks

Un passage à Cannes pendant les tous derniers jours et une première très réussie. La réalisatrice italienne Alice Rohrwacher a présenté au Festival de Cannes 2023 La Chimera, son dernier film. Dans le rôle principal, celui d'un pilleur de tombes de génie rongé par une crise profonde, Josh O'Connor brille au point que les rumeurs cannoises lui prêtent un statut de favori au prix d'interprétation masculine. Il faut dire qu'Alice Rohrwacher est une habituée des marches : deux de ses long-métrages ont été récompensés sur la Croisette, avec le prix du scénario pour Heureux comme Lazzaro (2018) et le Grand prix du jury pour Les Merveilles (2014). Mais l'acteur britannique se moque bien des rumeurs : « La chose la plus importante est d'avoir pu présenter notre film aux spectateurs, c'est pour ça que je suis venu », nous confie Josh O'Connor sur la terrasse du Palais des Festivals, impatient de rentrer chez lui avec en mémoire l'accueil chaleureux réservé au film et sa prestation.

La collaboration entre la réalisatrice italienne et l'acteur primé pour son interprétation du prince Charles dans The Crown a démarré à l'ancienne : par une lettre. « J'ai vu son dernier film, Heureux comme Lazzaro, et j'ai tellement adoré que j'ai regardé ses autres films et je lui ai écrit. A l'époque, elle venait d'écrire La Chimera mais avec un personnage principal plus âgé. On en a discuté et elle a modifié le scénario pour que je puisse le jouer. »

« Alice réussit merveilleusement bien à voir qu'il y a de la nuance en chacun de nous »

Son personnage est inspiré des véritables tombaroli, ces pilleurs de tombes qui ont vidé les sépultures dans lesquels les Étrusques étaient enterrés avec leurs biens matériels, sensés sauver leur âme, pour les vendre au marché noir à des musées peu scrupuleux. « Sur place, pendant le tournage, j'ai pu parler à de vrais tombaroli, c'était fascinant. C'est un sujet très intéressant et Alice réussit merveilleusement bien à voir qu'il y a de la nuance en chacun de nous. Les films d'Alice ne définissent pas clairement le bien et le mal, il y a une subtilité de tous les instants. Les tombaroli de ce film sont de belles personnes, malgré leurs pratiques douteuses. »

La caméra suit cette joyeuse troupe, de leurs soirées passées à danser jusqu'aux pillages, en passant par la revente à un mystérieux intermédiaire, sans porter de jugement moral sur ce qu'ils sont. « Du point de vue des tombaroli, les objets anciens sont à eux, ils peuvent les vendre, note Josh O'Connor. Personnellement, et c'est ce qu'Alice défend aussi, je pense que les Étrusques ont choisi d'être enterrés avec leurs objets personnels pour préserver leur âme. Qu'on y croit ou non, c'est ce qu'ils voulaient. Ces objets n'étaient pas faits pour être vus par l'oeil humain, ni vendus. Mais des années plus tard, avec le recul, les tombalori ne semblaient pas avoir de remords particuliers. »

« J'adorerais travailler avec Céline Sciamma »

Alice Rohrwacher aborde la mort, l'histoire, le deuil en gardant son humour, son ironie et son recours à la chanson, comme des interludes musicaux apportant des éléments d'intrigue. Une réalisation protéiforme qui sied à Josh O'Connor : « On sait que quand on fait un film avec Alice, il y aura un peu de tout. Avec elle, j'ai l'impression d'avoir trouvé une seconde famille. On chantait tous les soirs, autour du feu. Alice a écrit deux chansons à mon sujet, et sur le fait que je suis anglais : elles sont assez géniales. C'était très normal pour nous de chanter. »

Dans le film, son personnage de trentenaire anglais dans la campagne italienne entretient une relation affectueuse avec Flora, la mère de la femme qu'il a aimée mais perdue, jouée par Isabella Rossellini : « J'admire tellement Isabella Rossellini, elle est si cool. Elle est très collaborative, elle a un véritable sens du cinéma acquise avec son incroyable carrière. Elle a été gentille, douce, ouverte, c'est une personne formidable à croiser sur un tournage. »

Pour ce rôle, Josh O'Connor a appris l'italien imparfait de son personnage -« c'était difficile mais j'ai adoré »- et s'imagine déjà apprendre une autre langue pour tourner avec des cinéastes étrangers. Il sera l'an prochain devant la caméra de Karim Aïnouz, lui aussi en compétition officielle au Festival de Cannes 2023 avec Le Jeu de la Reine, et vient d'achever un tournage avec Luca Guadagnino. Et il tend les bras au cinéma français : « J'adorerais travailler avec Céline Sciamma. Je l'adore. Elle a une façon très intéressante de travailler, en partant d'images autour desquelles elle travaille son film et y intègre ses visions. »

La Chimera, d'Alice Rohrwacher, dans les salles françaises en décembre prochain.

samedi 27 mai 2023 22:32:34 Categories: Vanity Fair

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