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Renault Espace V: doit-on acheter ce "vieux" monospace ou attendre le SUV 7 places?

logo de Challenges Challenges 20.05.2023 10:31:50 Alain-Gabriel Verdevoye
Renault Espace V

Dévoilé officiellement le 28 mars 2023, l'Espace de sixième génération succèdera cet été à deux modèles chez Renault : l'Espace V et le Koleos II. La firme au losange a choisi : son nouveau SUV de 5-7 places, dérivé de l'Austral, ne s'appellera pas Grand Austral ou Koleos III. Luca De Meo a imposé le nom d'Espace, emblématique de l'histoire de Renault. "Espace est plus qu'un nom, c'est une marque dont la notoriété doit être exploitée par Renault", affirme Fabrice Cambolive, directeur général de la marque.

Renault Espace V

Avec 14 centimètres de moins que l'ancien, le nouvel Espace changera complètement de concept par rapport aux moutures précédentes. Seule finalement cette appellation, largement usurpée, perpétuera la lignée des célèbres monospaces initiée par Matra en 1984. Il s'agissait alors d'un engin révolutionnaire, génial par son plancher plat, son exceptionnelle modularité, son rapport espace intérieur-gabarit, son confort. Mais las. Dans les années 2010, la mode avait renvoyé les monospaces au rayon des produits pseudo-utilitaires obsolètes. A tort. Du coup, la firme au losange  s'était fendue en 2015 d'un Espace V, certes toujours monospace mais qui voulait déjà tendre vers les SUV.

Résultat : cette cinquième mouture rabaissée et un peu moins fonctionnelle que les précédentes s'est révélée un. ratage commercial. Avec moins de 9.000 unités produites en 2019, dernière année avant Covid, cet engin étrange n'a pas séduit ! Moins de 100.000 unités en huit ans de production à Douai (Nord), c'est faible ! Rien à voir avec les plus de 190.000 unités du premier Espace (1984-1991), les presque 320.000 Espace II (1991-1996) ou les  365.000 Espace III (1996-2002). Les sérieuses maladies de jeunesse, qui ont émaillé les trois premières années de carrière de l'Espace V, n'ont il est vrai pas arrangé les choses. Le nouveau venu, qui s'attaque au Peugeot 5008, devrait sans difficulté mieux faire. Pas difficile. Mais les patriotes seront chagrinés : l'Espace sera pour la première fois assemblé hors de France, en Espagne.

Renault Espace VI

Tout ça pour dire que, au moment où Renault change son véhicule fétiche, nous avons eu envie de reprendre l'un des tout derniers exemplaires de l'Espace V. Afin de mieux évaluer au début de l'été prochain, les améliorations ou les éventuelles régressions de la sixième génération par rapport à la cinquième. Alors, peut-on encore acheter un Espace V ? Ou faut-il attendre le prochain ?

Les lignes bizarres choquaient à la sortie de l'Espace V. Mais on s'y est habitués. La silhouette massive avec sa ceinture de caisse haute ont  toujours l'avantage de l'originalité. Elles ne ressemblent à aucun autre véhicule en production. Avec un pare-brise très avancé et des vitres latérales de trois-quarts avant.  Le nouveau est beaucoup plus banal.

Renault Espace V

La disposition de l'intérieur déroute. Mais, après avoir pris ses repères, on apprécie la position de conduite haute, quoique particulière car très verticale - ce qui ne plaira pas à tous. Les sièges sont relaxants avec des assises confortables maintenant bien le corps. L'habitabilité en largeur et longueur, la luminosité avec le grand toit ouvrant, le nombre de vide-poches et divers rangements, la polyvalence, la fonctionnalité, la contenance du coffre, recueillent des applaudissements. La sensation d'espace, avec des sièges du deuxième rang réglables longitudinalement et généreux pour les jambes, reste intéressante. Si on rabat les dossiers, la surface de rangement plane charme les déménageurs. Bref, on se sent très bien dans cet Espace V. Un vrai. monospace !

Sur la version Initiale Paris de notre essai, le cuir souple et soyeux des sièges mérite des éloges. La finition, sempiternel talon d'Achille de l'Espace, s'affichait en gros progrès à la sortie de l'Espace V. La plupart des matériaux sont acceptables, les accostages corrects. Mais, sur ce plan, Renault aurait pu mieux faire. Certains plastiques manquent cruellement de noblesse. Et il reste quelques grincements et crissements sur chaussée dégradée, héritage du Renault d'avant ! Indigne à ce tarif.

Renault Espace V

L'écran tactile est complexe. Il faut comprendre sa logique. Mais Renault n'a rien simplifié depuis. Le graphisme des diverses parties de la voiture permet heureusement de se repérer. Même si Renault a prévu trop de réglages, de gadgets inutiles. Mais ce sera pire sur l'Espace VI. Une fois le véhicule configuré, les choix du conducteur sont toutefois maintenus, même au redémarrage. Merci. Ce n'est hélas plus le cas sur l'Espace VI, plus dictatorial.

On critiquera le mode "My Sense", qui permet au conducteur de configurer en principe son véhicule. Il peut ainsi régler indépendamment le durcissement de la direction ou des suspensions, mais pas les réactions du moteur. Celui-ci reste en mode normal, quoi qu'on fasse. On peut évidemment choisir une configuration "Sport" plus dynamique, que l'on peut régler dans ses diverses composantes. Mais, la voiture redémarre en "My Sense".

Renault Espace V

Le vieux moteur diesel 2,0 litres Renault diesel développe 190 chevaux ! Combiné de série à une boîte à double embrayage Getrag, soigneusement étagée et gérée, la mécanique fait preuve d'une belle fluidité. Malgré un petit creux au démarrage.  Les performances sont largement à la hauteur. La voiture ne manque jamais d'aisance

En automatique, la transmission rétrograde efficacement et se garde d'enclencher trop intempestivement le rapport supérieur en mode "Sport". Bref, l'ensemble mécanique reste satisfaisant et fort agréable à l'usage. On pestera toutefois contre le levier de vitesses aux verrouillages imprécis, à la grille très peu pratique. Ce levier très design agace. Il faut tirer le levier vers la gauche pour les positions "D" et "R". Pas naturel. Et on rate souvent la marche arrière. Enfin, Renault n'a pas prévu de mode 100% manuel. Farfelu et daté. L'appétit reste contenu pour un si gros engin, avec 7,3 litres de gazole aux cents en moyenne sur un long parcours.

Renault Espace V

Le comportement routier demeure remarquable, rassurant à souhait. Même si le centre de gravité élevé et la masse embarquée ne le rendent a priori pas très précis en virage. Mais le système des quatre roues directrices (4 Control) de série ici permet de mieux inscrire la voiture sur itinéraire sinueux. Au lancement, on avait pesté contre des réglages brouillons, désagréables. Aujourd'hui, c'est maîtrisé. La rigueur sur route, quels que soient le profit et la météo, satisfait pleinement pour le gabarit. A haute vitesse, la voiture tient parfaitement son cap.

Dommage : une direction sans ressenti autour du point milieu et surtout des ailes avant invisibles du conducteur. Sur chaussée étroite et en manoeuvres, ça gêne.  Tout cela est néanmoins acceptable, vu le haut niveau de confort atteint. Les suspensions effacent tout, ralentisseurs compris. Avec son comportement souverain et ses suspensions souples, l'Espace demeure sans conteste un roi de la route et de l'autoroute. Et, la nuit, les feux Matrix LED adaptatifs permettent d'éclairer somptueusement la chaussée, sans éblouir les autres conducteurs. Le faisceau lumineux s'adapte automatiquement.

Renault Espace V

Cet Espace V n'est plus au catalogue. Il était disponible à partir de 50.900 euros (160 chevaux),  53.200 en version de 190 chevaux. Le tarif culminait à 61.900 euros dans notre version d'essai haut de gamme Initiale Paris, fort bien pourvue, luxueuse et chaleureuse, mais hors de prix. L'Espace a toujours été cher. Il fallait ajouter 6.040 euros de malus. On trouve des exemplaires neufs en stock (à partir de 47.500 euros sur le site Renault en version Initiale), mais aussi des occasions récentes. La décote est forte. D'où des bonnes affaires possibles.

Le nouvel Espace VI démarrera à 44.500 euros (sept places) et atteindra 49.500 dans sa version de pointe Iconic. La puissance du moteur est équivalente : 200 chevaux. Mais il s'agit  ici d'un petit 1,2 TCe à essence hybride. Le dernier né est dispensé de malus. Au chapitre financier, le nouveau venu l'emportera haut la main. Oui, cet Espace V reste une superbe grande routière pour les longs voyages sans fatigue. Original, soyeux, accueillant, habitable, il méritait une carrière plus flatteuse. Avec des tarifs moins gourmands et surtout une fiabilité supérieure, il aurait pu faire mieux que de la figuration.

Renault Espace V

Modèle essayé : Renault Espace 2,0 Blue dCi Initiale Paris : 61.900 euros (+6.040 euros de malus)

Puissance du moteur : 190 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,86 mètres (long) x 1,89 (large) x 1,67 (haut)

Qualités : Comportement routier  remarquable, confort de haut niveau, mécanique agréable, boîte auto bien gérée, habitacle accueillant et luxueux, fonctionnalité, habitabilité, position de conduite agréable, info-divertissement tactile amélioré.

Défauts : .Mais toujours compliqué, grincements et crissements, absence de mode 100% manuel, levier imprécis, "My Sense" incomplet, vocation de la voiture bizarre, mauvaise réputation de fiabilité

Il n'y plus de concurrence directe

Note: 14,5 sur 20

samedi 20 mai 2023 13:31:50 Categories: Challenges

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