Liberation

Le maire de Saint-Etienne, accusé dans le chantage à la sextape, dénonce une «terrible machination»

logo de Liberation Liberation 08.09.2022 17:21:30 Marceau Taburet
Le maire LR de Saint-Etienne Gaël Perdriau en septembre 2021.

«Jamais?! Au grand jamais?!» Au micro de France Inter jeudi matin, Gaël Perdriau a fermement démenti être à l'origine du piège tendu à son adjoint. Je suis un homme honnête, loyal et, qui plus est, sans aucun motif de rentrer dans ce genre de compromissions», a tenté le maire de Saint-Etienne pour sa défense. Il a visé directement le journal en ligne à l'origine des révélations - «Mediapart est en manque de preuves tangibles, il a fallu en fabriquer» -, et évoqué une «terrible machination qui vise à le salir».

Depuis la révélation des faits fin août, l'implication personnelle du maire n'était pas clairement définie et son rôle dans l'affaire restait trouble. Pendant de longues années, l'un de ses adjoints, Gilles Artigues, a subi un chantage à caractère sexuel. Un élu issu de sa propre majorité, Samy Kéfi-Jérôme, et son compagnon de l'époque, Gilles Rossary-Lenglet, avaient tous les deux loué les services d'un escort boy en 2014 et placé une caméra dans une chambre d'hôtel parisienne pour filmer le rendez-vous entre les deux hommes. Gilles Artigues, «père de famille très impliqué dans la communauté catholique», a ensuite subi un chantage pour que cette vidéo compromettante ne soit pas divulguée, et lui tordre le bras politiquement.

Une plainte a immédiatement été déposée pour chantage aggravé, guet-apens en bande organisée, détournement de fonds publics et non-dénonciation de faits délictueux. Le maire répétait partout n'être au courant de rien. Sauf que Mediapart révèle des enregistrements sonores antérieurs aux révélations, dans lesquels l'élu explique?: «Même s'il y est pour rien, Gilles Artigues est mort.» Mis face à ces contradictions, Perdriau reconnaît aujourd'hui avoir eu vent «d'une rumeur qui évoquait cette vidéo, comme il y avait d'autres rumeurs concernant Gilles Artigues, me concernant, concernant d'autres élus».

S'il ne parle pas de «boules puantes» - l'expression est sans doute réservée à un certain François F. -, le maire de Saint-Etienne évoque de possibles raisons politiques à la sortie de l'enquête de Mediapart. De fait, il aurait approché, tout l'été, des députés et des sénateurs du parti Les Républicains dans l'idée de briguer la présidence du parti. Par extension, il soupçonne de potentiels «rivaux» d'avoir participé en coulisse à la publication de l'affaire pour le déstabiliser. Quitte à verser dans le complotisme. «Pourquoi une affaire qui remonterait à 2015, il y a huit ans, sortirait précisément aujourd'hui ?» feint-il d'interroger. Puis : «Vu le flot de calomnies qui tombe sur moi depuis dix jours, vous pensez vraiment que les conditions sont réunies pour que je me présente ?» Il envisage de déposer plainte pour dénonciation calomnieuse.

Gaël Perdriau souligne enfin que son adjoint a évoqué avec lui «cette rumeur» en 2016, «sans la développer, sans m'expliquer qu'il y avait des éléments tangibles». «Il ne m'a pas confirmé la véracité de cette rumeur. A aucun moment, il ne m'a fait part d'un désarroi ou d'une demande de soutien ou d'aide», tranche-t-il. De la même façon, il nie avoir exercé la moindre pression politique sur Gilles Artigues, en l'empêchant par exemple de se présenter aux élections législatives. «Il a été candidat à toutes les élections qu'il a voulues.»

L'affaire est désormais entre les mains de la justice. Le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire le 2 septembre «des chefs d'atteinte à l'intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d'une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions». Une perquisition a notamment été menée lundi à la mairie de Saint-Étienne.

jeudi 8 septembre 2022 20:21:30 Categories: Liberation

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